C’EST LA PISCINE de stockage de combustible usé du réacteur 4 qui constitue « la principale préoccupation » avec des risques de rejets radioactifs « directement dans l’atmosphère », estime l’Autorité de sûreté nucléaire française (ASN). Dans ce réacteur, où des incendies se sont déclarés mardi et mercredi avant d’être maîtrisés, « la vaporisation de l’eau de la piscine se poursuit ». « Le dénoyage du combustible peut conduire à un éclatement des gaines de combustible. Les autorités japonaises ont par conséquent indiqué que des rejets radioactifs sont susceptibles d’être émis directement dans l’atmosphère », souligne l’ASN. Les autorités japonaises envisagent désormais d’utiliser un camion-citerne avec canon à eau pour arroser le réacteur 4 de la centrale de Fukushima, afin de refroidir le combustible nucléaire. Un engin spécial de la police municipale de Tokyo doit être dépêché sur le site ce soir, afin de mettre en œuvre ce recours technique inédit, après une tentative avortée par hélicoptère.
L’ASN juge également « préoccupante » l’évolution de la sûreté du réacteur 3, où l’enceinte de confinement pourrait avoir été endommagée. Concernant le réacteur 2, les deux explosions de mardi ont « probablement entraîné une dégradation de l’enceinte de confinement en sa partie inférieure », ce qui « serait à l’origine de l’augmentation significative des rejets radioactifs détectés de manière ponctuelle en limite du site ». Par ailleurs, les « opérations de décompression volontaire des enceintes conduisent à des rejets radioactifs », a rappelé l’ASN, précisant que les balises de mesures des villes situées entre la centrale de Fukushima et Tokyo, à 250 km au sud, « relèvent une élévation des débits de dose ». Pour l’heure, cette élévation de radioactivité, jugée « faible », ne nécessite pas « d’action particulière » de protection des Tokyoïtes.
Les prochaines 48 heures seront cruciales pour rétablir le niveau d’eau dans la piscine de stockage du combustible usé du réacteur 4, qui n’est pas contenu à l’intérieur d’une enceinte de confinement. Selon Thierry Charles, directeur de la sûreté des usines à l’IRSN, le dénoyage du combustible usé constituerait « un risque majeur pour deux raisons : ce rejet serait très important, et surtout, cette piscine - quasiment en plein air - interdirait l’accès sur le site par la suite » en raison de son niveau de radioactivité.
Le choix français.
Alors que la ministre de l’Environnement Nathalie Kosciusko-Morizet disait redouter « une catastrophe nucléaire » lors d’une audition à l’Assemblée nationale, ce mercredi, Nicolas Sarkozy a réaffirmé la « pertinence » du choix de l’énergie nucléaire par la France, « élément essentiel » de son indépendance énergétique et a souligné « l’excellence » du dispositif de sûreté du parc nucléaire français. Les ministres européens de l’Énergie, qui vont tenir une réunion extraordinaire lundi à Bruxelles, devraient se pencher sur l’organisation de tests de sécurité qui doivent être réalisés dans les 143 réacteurs nucléaires situés sur le territoire de l’UE, en commençant à définir les critères communs qui seront retenus. Ces tests se dérouleront au deuxième semestre, pour vérifier que les sites peuvent résister à des inondations, coupures de courant majeures, tremblements de terre ou tsunamis, selon leur localisation. Le sujet sera aussi à l’ordre du jour du prochain sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’UE programmé les 24 et 25 mars.
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