Galien médecin et philosophe

Publié le 17/11/2010

Article réservé aux abonnés

Du temps d’Athènes ou de Rome, il y avait des passages possibles entre la philosophie et la médecine. Le volume qui traite des Epicuriens qui vient de paraître dans la collection de la Pléiade en porte témoignage. Pour Claude Galien par exemple, on ne peut être bon médecin si l’on n’est pas aussi philosophe. Son œuvre, selon Jacques Boulogne, cf.Décision Santé, juin-juillet 2009) n’appartient donc pas seulement à l’histoire de la médecine, mais devrait être également enseignée aux nouvelles générations de philosophes. Ce recueil comprend des extraits d’une oeuvre d'un autre médecin philosophe moins connu, Sextus Empericus. Comment alors expliquer cette proximité entre la pensée épicurienne et la médecine ? On peut invoquer l’attention portée par l’école du Jardin créée par Epicure à la santé décrite comme un bien être organique et psychique. Mais il y a surtout cette réflexion autour de la douleur et du plaisir qui est au cœur même du système épicurien. Il suffit en effet que la douleur disparaisse pour que le plaisir puisse survenir. De plus, il n’y a pas d’état intermédiaire entre la douleur et le plaisir. Dans ce contexte, le bonheur est défini « comme l’aponie et l’ataraxie (la non douleur dans le corps, le non-désordre dans l’âme) », écrit Jackie Pigeaud dans son introduction qui lui aussi a tant écrit sur les rapports entre la philosophie antique et la médecine moderne à travers la psychiatrie. Enfin, au-delà du lien entre philosophie et médecine, ce volume donne en effet à lire pour la première fois en traduction à la suite de découvertes réalisées au XVIII et XIX siècle des textes d’Epicure et de ses disciples. Bref, un véritable événement éditorial.

Les Epicuriens sous la direction de Daniel Delattre et de Jackie Pigeaud, bibliothèque de la Pléiade, 2010, 55 euros jusqu’au 31/1/2111, puis 62 euros 50.