Le premier concours de l'internat eut lieu en 1802 avec 64 candidats, dont 24 furent nommés. Parmi eux, Gapard-Laurent Bayle, originaire du Vernet, un village de montagne en Haute-Provence, arrivé à Paris en 1795 pour suivre les cours de Corvisart. C'est pourtant un peu par hasard que Bayle avait entamé des études de médecine...
Un discours trop hardi envers Barras
Alors qu'il avait dix-neuf ans, il avait choisi d'embrasser la carrière d'avocat et rentra chez un procureur de Digne. Ses concitoyens, alors qu'on était en pleine Révolution, le nommèrent secrétaire de l’administration du district de Digne. En cette qualité , il dut accueillir Barras et Fréron , envoyés par la convention nationale et les haranguant au nom de la ville de Digne, il eut l'audace de leur dire qu’ils venaient sans doute pour rétablir l’ordre et la justice dans les campagnes, et que les éloges, mais que les félicitations et les remerciements devant être le prix des services rendus, on attendrait, pour leur en décerner, qu’ils eussent accompli ce dont on les supposait chargés... Affolés par la hardiesse du discours de leur fils à l'égard des deux membres de la Convention, les parents de Bayle le pressèrent de quitter Digne pour se réfugier à MontpellIer. C'est ainsi qu'il se trouva conduit à étudier la médecine.
Ses études à Montpellier terminées , Bayle rejoignit la capitale en 1798 pour y suivre les cours de l'École de santé de Paris et fut reçu docteur en médecine en 1801. Après avoir passé brillamment le concours de l'internat, Bayle , en 1807, obtint la place de médecin-adjoint de l'hospice de la Charité et, en 1808, celle de médecin par quartier de l’empereur Napoléon, et partit en cette qualité pour l’Espagne. De retour en France, il se livra assidûment à la pratique, préférant souvent le pauvre au riche, car le premier ne savait peut-être pas à qui oser s'adresser alors que le second avait tout loisir de trouver un autre médecin.
Très recherché de la société, on l'y croisait peu, parce qu'il donnait ses journées à la pratique, et la plus grande partie des nuits à ses travaux de cabinet et à sa correspondance.
Membre de la Société royale de médecine de Paris, et associé de celle de Montpellier, Bayle contribua beaucoup aux progrès de l’anatomie pathologique, suivant les traces de Morgagni. Outre divers articles remarquables publiés dans les journaux de médecine de Paris et dans le Dictionnaire des sciences médicales, Bayle écrivit deux ouvrages :
- Considérations sur la nosologie, la médecine d’observation et la médecine pratique, suivies de l’histoire d’une maladie gangreneuse non décrite jusqu’à ce jour. Cette maladie est la pustule maligne, qui n’avait point encore été décrite avec soin, et dont Bayle a tracé une excellente monographie.
- Recherches sur la phtisie pulmonaire. Dans ce livre, Bayle décrit six types de lésions pulmonaires et établit une classification fondée sur les lésions et non plus sur les symptômes.
Il rédigea également un Traité des maladies cancéreuses qui sera publié en 1833, revu et corrigé par son neveu, médecin et aliéniste, Antoine Laurent Jessé Bayle, fondateur en 1824 la Revue médicale.
Très affecté par la chute de Napoléon, en 1815, Bayle mourut le 11 mai 1816 à l'âge de 42 ans et fut inhumé dans la 28e division du père Lachaise.
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