Génériques : le prochain scandale sanitaire ?

Publié le 25/02/2011
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Je tiens à attirer votre attention sur LE prochain scandale sanitaire français : les morts dues aux génériques.

Médecin généraliste « de terrain », je ne suis pas opposé aux économies de santé ou aux principes des génériques, mais aux conditions de délivrance.

Ainsi, une patiente m’a rapporté une erreur de délivrance de son pharmacien : Trimébutine 200 (prescrit sur ordonnance informatique dactylographiée), Trimézadine 20 délivré... pris pendant cinq jours par son mari, puis arrêté (anti-angoreux pris en lieu et place d’un anti-spasmodique). Il n’y a pas eu de suite médicale à cette erreur et loin de moi l’idée de jeter la pierre au pharmacien (nous faisons tous des erreurs). Remarquez quand même que cette erreur n’aurait sans doute pas été commise avec les princeps, aux noms bien différents (Debridat et Vastarel).

J’ai, bien sûr, fait un signalement au Centre régional de pharmacovigilance du CHRU de Lille.

Je pourrais vous parler de patients prenant du Zyloric et de l’Allopurinol (même principe actif) sans conséquence grave non plus, il est vrai, mais que penser de l’association Plavix et Clopidogrel ? Voyez donc que, à mon niveau, je vous signale plusieurs cas de mésusage du médicament. Que dire au plan national ?

Encore une fois, loin de moi l’idée de désigner des boucs émissaires ; mes amis pharmaciens font de leur mieux et je les en remercie ; c’est le système qui est complètement à revoir et qui est, surtout, dangereux pour nos concitoyens.

Il faut donc revenir à des choses simples à mon avis :

- « un principe actif, un prix » (princeps ou générique) ; il est, en effet, absurde que la collectivité paie différemment pour un même médicament ;

- suppression du droit de substitution du pharmacien, source de nombreux mésusages et méprises aux conséquences potentiellement graves ;

- respect absolu et total de la prescription, à laquelle le patient peut se référer.

Croyez bien, Monsieur le ministre, que le but de ce courrier est de vous faire prendre conscience du risque majeur supporté par nos concitoyens et, si possible, éviter un nouveau scandale sanitaire.

Vous vous préoccupez actuellement de la simplification de nos tâches administratives... C’est très bien, mais l’urgence est à ailleurs.

Merci de l’attention que vous porterez à ce courrier et des mesures que vous prendrez.

Dr Jean-Yves Maes, Lambersart (Nord)

Source : Le Généraliste: 2554