«Le patient justifie d'une surveillance régulière, mais il va bien, il marche, il va dans sa maison de campagne. Il a la fonction respiratoire d'un patient de 80 ans, qui a fumé», explique le Pr Emmanuel Martinod, responsable de l’équipe française de l'hôpital Avicenne de Bobigny (AP-HP) qui a greffé avec succès une bronche artificielle chez un patient de 78 ans, lui évitant l'ablation complète du poumon. L'intervention de trois heures a été réalisée le 28 octobre 2009, mais le chirurgien thoracique et vasculaire a préféré s'assurer de sa réussite avant de la rendre publique. Elle est l'aboutissement de dix années de recherche. C’est une première pleine d'espoir pour les malades atteints d'un cancer du poumon.
Il y a 1.000 à 2.000 ablations de poumons par an en France et 200 à 300 ans patients pourraient à terme bénéficier chaque année de l'innovation réalisée à Avicennes, selon le Pr Martinod. «Cette intervention ne s'adresse pas à tous les patients qui ont un cancer du poumon», a-t-il également souligné devant la presse, appelant à «rester très prudent» dans l'attente des résultats d'une étude sur 20 à 30 patients qui doit démarrer ce mois-ci.
La bronche artificielle, qui vient se substituer à la bronche touchée par la tumeur, est constituée d'un tissu biologique (morceau d'artère prélevé sur un donneur décédé), dont les cellules ne sont plus viables, renforcé par un stent. La greffe de tissu aortique, préservé par le froid et stocké dans une banque de tissus, présente l'avantage de ne pas nécessiter de médicaments anti-rejet, contre-indiqués dans les cancers. Le stent est quant à lui «fabriqué sur mesure et adapté à l'anatomie du patient», a précisé le chirurgien. «Dans le contexte particulier des patients atteints de cancer, votre intervention représente un progrès et un espoir nouveaux dont vous pouvez légitimement être fiers», a écrit le ministre de la Santé Xavier Bertrand dans une lettre de félicitations au Pr Martinot.
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