FAUTE de place, on engage le lecteur à se reporter au numéro spécial de « l’Avant-Scène Opéra » qui lui est consacré ainsi qu’au superbe programme de l’Opéra de Paris abondamment illustré de reproductions du Retable d’Issenheim (1512-1516), de Matthias Grünewald, peintre contemporain de Dürer, dont cet opéra de vastes dimensions en sept tableaux du compositeur Paul Hindemith retrace quelques épisodes de la vie. Vie et inspiration tourmentées, si l’on en juge par le livret du compositeur habilement découpé, partagé entre une charge de peintre d’église à l’évêché de Mayence et un engagement dans la guerre des Rustauds et les luttes intestines entre catholiques et luthériens.
Des références historiques allemandes probablement pas suffisamment encrées dans l’inconscient collectif pour qu’Olivier Py décide d’opter pour la facilité, qui consiste à ramener la chose aux années brûlantes de l’accession au pouvoir des nazis, dont Hindemith et sa musique furent une cible privilégiée. Mais ne blâmons pas Py, car son travail sur ce livret touffu est remarquable et sa direction d’acteurs assez claire pour permettre au public de s’y retrouver, grâce aux dispositifs étagés qu’il affectionne et laisse l’action se lire sur plusieurs niveaux.
La scénographie et les costumes de Pierre André Weitz sont aussi magnifiques qu’efficaces et les éclairages de Bertrand Killy donnent au spectacle une allure grandiose. Musicalement, le choix de Christoph Eschenbach se révèle très judicieux, tant sa direction est claire et pas inutilement analytique dans une œuvre plutôt protéiforme.
Magnifique distribution dominée par le Mathis du baryton Mathias Goerner, qui épouse toutes les souffrances du personnage, malgré une voix qui s’épuise vite malgré une évidence de sonorisation. Superbe aussi la distribution féminine avec les trois grandes voix de Melanie Diener, Martina Welschenbach et Nadine Weissman et, parmi les seconds rôles, des artistes français très honorables : Gregory Reinhart (un Américain Français d’adoption), Antoine Garcin et Vincent Delhoume notamment. Magnifique le Cardinal Albrecht von Brandebourg du ténor américain Scott Macallister pour ses débuts sur cette scène. On espère une reprise pour revoir cette œuvre qui nécessite probablement plusieurs lectures pour en faire le tour.
Opéra de Paris-Bastille (tél. 08.92.89.90.90 et www.operadeparis.fr), dernière représentation le lundi 6 décembre 2010 à 19 heures. Diffusion le samedi 11 décembre à 19 h 05 sur France-Musique. « L’Avant Scène Opéra » (www.aopera.com ) n° 258.
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