MSF a divulgué mercredi de nouveaux éléments qui incriminent, selon l'ONG, les armées russe et syrienne dans le bombardement de deux hôpitaux du nord-ouest de la Syrie en février 2016, dont un qu'elle soutenait. Des vidéos, trouvées sur les réseaux sociaux, montrent "qu'il y a des attaques systématiques des hôpitaux de la part des armées russe et syrienne", estime un porte-parole de Forensic architecture, un centre de recherche britannique qui a procédé à leur analyse "dans le moindre détail" pour MSF. "Il n'y a pas de preuve formelle, reconnaît le directeur des opérations adjoint de MSF Pierre Mendiharat, mais un faisceau de présomption qui nous conforte." "On avait déjà la conviction que les forces gouvernementales et pro-gouvernementales étaient responsables", a-t-il poursuivi.
Le 15 février 2016, vers 9 h 00 locales, "quatre frappes" touchent un hôpital soutenu par MSF dans la province rebelle d'Idleb. Alors que les secours s'activent, de nouvelles frappes surviennent 45 minutes plus tard. Au total, 25 personnes meurent et 11 sont blessées, selon un bilan alors communiqué par l'ONG. Peu après 11 h 00, l'hôpital public de Maaret al-Noomane, situé à six kilomètres de là, est à son tour bombardé. Le bilan humain de cette autre attaque n'est pas connu.
Forensic architecture a décortiqué une dizaine de vidéos retrouvées sur les réseaux sociaux. Des captures d'image, grossies, démontrent qu'elles correspondent bien aux bombardements ciblés. Le centre de recherche a eu recours à des images satellite pour déterminer l'endroit exact des prises de vue. Il a dissocié les bandes sonores pour entendre les commentaires des témoins ou le grondement des deux avions impliqués. Ainsi, la silhouette d'un des aéronefs, élargie, est comparée à celle d'un Mig-23, que seul utilise le régime syrien. Les horaires des bombardements sont comparés avec ceux des décollages de deux avions, constatés par l'Armée syrienne libre. Le premier, parti d'une base aérienne russe, a frappé Al Hamidiah, tandis que le second, qui a décollé d'un aérodrome syrien, a touché Maaret al-Noomane, estime Forensic architecture.
Des centaines de structures médicales ont été détruites durant le conflit syrien, qui a fait plus de 300 000 morts. Le lendemain de ces attaques de février 2016, l'ambassadeur syrien à l'ONU avait accusé MSF de travailler pour les renseignements français. L'ambassadeur de Syrie à Moscou avait, lui, pointé du doigt l'aviation américaine, quand Washington avait mis en cause le régime syrien et son allié russe.
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