CE N’EST PAS tant la découverte du gène de deux maladies infantiles rares qui importe aux yeux des chercheurs américains qui l’ont identifié. Ce sont plutôt les progrès que ce travail va permettre d’accomplir dans la compréhension des affections neurodégénératives (Alzheimer, Parkinson) au cours desquelles existe une accumulation intracérébrale de fer.
Susan J. Hayflick, Shawn Westaway (Oregon) et coll. ont identifié le gène de la maladie de Seitelberger (dystrophie neuroaxonale infantile) et du syndrome de Hallervorden-Spatz (neurodégénéres- cence avec accumulation cérébrale de fer), qui en est proche.
Les chercheurs ont enrôlé de 30 à 40 familles concernées par les affections. Chez tous les patients atteints de la dystrophie, une mutation du gène PLA2G6 a été recherchée. L’étude a été ciblée sur un bloc de 100 gènes du chromosome 22, puis s’est concentrée sur 75 gènes. Finalement, de nombreuses mutations de PLA2G6 ont pu être identifiées sur plusieurs générations de parents de patients.
Pour confirmer le résultat, les chromosomes porteurs de la mutation ont été comparés à quelque 200 chromosomes contrôles issus de sujets indemnes. Une preuve supplémentaire a été fournie par la poursuite des recherches auprès de nouveaux patients.
Le gène PLA2G6 code pour une enzyme qui détruit les lipides impliqués dans la reconstruction de la membrane cellulaire endommagée. En cas de mutation, le métabolisme lipidique est altéré et le fer peut s’accumuler dans la cellule. PLA2G6 fait partie de 18 gènes du métabolisme lipidique inclus dans la famille protéique de la phospholipase A2 (PLA2). La dystrophie neuraxonale infantile est la première affection génétique rattachée à la mutation de l’un de ces 18 gènes.
La découverte américaine permet de lier une altération de la phospholipase A2 à la neurodégénérescence. Elle ouvre donc une nouvelle voie de recherche thérapeutique, dans la mesure où de telles altérations du métabolisme lipidique ont été constatées au cours d’atteintes neurologiques telles que l’AVC, la lésion médullaire traumatique, le traumatisme crânien ou la maladie d’Alzheimer.
Possibilité de test génétique.
Enfin, l’identification du gène des deux affections pédiatriques fournira une possibilité de test génétique de dépistage de ces maladies récessives, dans les familles déjà concernées.
La maladie de Seitelberger débute à l’âge de 2 ans. Elle est responsable de troubles de la parole et de la vision, ainsi que d’une impossibilité de tenir assis ou de ramper. Le décès survient entre 5 et 10 ans. Le syndrome de Hallervorden-Spatz survient plus tard, vers 10 ans. Il se caractérise par des spasmes musculaires et une hypertonie, des crises comitiales et une démence. L’affection s’aggrave rapidement.
« Nature Genetics », 18 juin 2006.
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