Entretien avec Lamine Gharbi, président de la FHP-MCO

« Il ne faut pas que l’on perde notre agrément et notre patrimoine »

Publié le 17/11/2010
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Décision Santé. Accueillez-vous actuellement des internes ?

Lamine Gharbi. Non nous n’en avons pas encore. Il faut consulter le doyen pour les agréments et prendre en compte les éléments de rémunération des internes. Nous avons des problèmes de récupération de budget, des problèmes d’assurance donc ça ne marche pas encore.

D. S. Vous attendez beaucoup du recrutement d’internes ?

L. G. Ce que nos praticiens regrettent le plus dans le privé, c’est l’absence de missions pédagogiques. Ils ont tous été formés au CHU, et lorsqu’ils rentrent dans le privé, cet aspect leur manque un peu. Il est vrai qu’il y a une forte demande même si tout le monde ne peut pas en faire : il faut une équipe d’au moins trois praticiens, il faut de l’activité, mais aussi l’envie de le faire ! Il y a des pathologies qui s’y prêtent bien, comme l’anesthésie-réanimation par exemple : nous sommes bien positionnés puisque nous faisons travailler un tiers des anesthésistes et nous faisons deux tiers de l’activité. L’orthopédie, également qui est bien codifiée, l’urologie, où nous sommes bien partie prenante.

D. S. Le salariat des médecins est-il une recette que l’on peut appliquer au secteur privé lucratif ?

L. G. Je suis un ardent défenseur du salariat des médecins, mais il ne faut pas se tromper de cibles : nos médecins salariés sont des médecins gériatres, ou de médecine interne. Pourquoi ? Parce qu’il y a un problème majeur de rémunération libérale : un médecin interniste ne peut pas fonctionner avec la cotation actuelle. Nous sommes obligés d’avoir un complément de salaire. et il fonctionne en toute indépendance : il n’y a aucun lien hiérarchique entre le médecin et la direction.

D. S. Le privé peut-il faire de la recherche à l’instar du secteur public ?

L. G. La recherche fondamentale, non. Mais la recherche technique et technologique, oui. Beaucoup d’innovations chirurgicales viennent du privé, comme la coeliochirurgie par exemple. Mais il y a des services d’hématologie qui sont extrêmement pointus dans le privé.

D. S. Les groupements vont-ils permettre la fusion des gouvernances public-privé ?

L. G. Il ne faut pas que l’on perde notre agrément et notre patrimoine. Ce n’est pas le cas actuellement. Mais nous sommes contre les fusions. En revanche je suis plutôt favorable à une privatisation de l’hôpital public. Comme au Portugal, en Italie, en Allemagne, où les hôpitaux publics sont gérés par le privé.

Propos recueillis par Jean-Bernard Gervais

Source : Décision Santé: 269