Courrier des lecteurs

Il y a « blues » dans la blouse

Publié le 24/07/2017

Le contexte politique et administratif joue un rôle évident dans le mal-être des médecins. Mais il faut aussi, sans aucun doute, revoir en profondeur la manière dont sont formés les médecins. On fabrique des techniciens hyper-performants pour une médecine qui fait de plus en plus abstraction de l'être humain. Le médecin est, lui aussi, un être humain, avec ses joies ses peines, mais, surtout, en permanence en contact avec la souffrance humaine. Qui de nous sait combien les seules réponses technologiques sont bien insuffisantes pour endiguer ce mal-être ? Combien il faudrait passer du soin technologique à la notion de prendre soin de l'autre… Mais apprend-t-on aux médecins à prendre soin d'eux-mêmes ? 30 % des médecins sont en détresse, c'est bien la preuve que le monde de la santé est malade. Le remède ? Un système qui incite à la bienveillance, autrement plus efficace que la performance technologique…

Il y a « blues » dans la blouse… ne nous acharnons pas sur un système de santé mal en point. Cherchons plutôt à y porter remède. 

Et si le « burn-out » était une chance, une chance de s’arrêter un instant pour prendre enfin soin de soi, corps et âme. Car c’est peut-être bien de cela qu’il s’agit. Le médecin n’est pas qu’un outil performant, il y a un être humain dans cette blouse. Et il y a des états d’âme dans cet être. Ce n’est pas facile d’être en permanence avec des êtres en souffrance (nos patients), ce n’est pas facile de faire abstraction de nos propres petites souffrances quotidiennes. 

Et si le « burn-out » était une occasion de se mettre à l’écoute de cet être humain dans la blouse ? Pour l’aider à prendre soin de lui… Et si on l’enseignait dès la faculté ?

On cherche à humaniser la médecine (voir le rapport de l’Académie de médecine, séance du 21 juin 2011, Un humanisme médical pour notre temps). Et si ça passait par là ?

Vous aussi, vous voulez réagir à l’actualité médicale ? Adressez-nous vos courriers accompagnés de vos nom, prénom et lieu d’exercice à redaction@legeneraliste.fr

Dr Jean-Patrick Chauvin, Villeloin-Coulangé (Indre-et-Loire)

Source : lequotidiendumedecin.fr