MALGRÉ LEUR AGE vénérable - 60 ans tout rond - les bénévoles de l'association Animation loisirs à l'hôpital sont encore peu connus du grand public. Ils sont pourtant près de 2 500, dans 100 villes de France, à apporter leur soutien au sein de 220 services médicalisés. A l'heure de souffler leurs bougies d'anniversaire, ils ont décidé de faire parler d'eux.
Se faire connaître.
Première opération, choisir un nom plus séduisant que l'acronyme ALH : du fait de leur blouse fuschia qui les distingue du personnel hospitalier, ils se baptisent « les Blouses roses ». C'est d'autant plus pratique que l'écrivain Eric-Emmanuel Schmitt a eu la bonne idée de parler d'eux (à leur insu) dans son roman « Oscar et la dame rose » (devenu pièce de théâtre, jouée notamment par Danielle Darrieux). Opération suivante : se choisir une famille. Ce seront Yves Lecoq, humoriste, pour le parrain, Yolaine de la Bigne, journaliste, pour la marraine, et les magasins Champion pour le sponsor, qui leur offrent aussi leurs moyens de communication.
Pourquoi se faire connaître ? Avant tout pour recruter plus de bénévoles : créée en 1945, l'association fonctionnait surtout dans le passé avec des retraités, ou plutôt des retraité-e-s. Une population disponible mais qui doit se renouveler pour assurer la pérennité des projets et qui, du fait de son âge, n'est pas toujours motivée pour s'occuper de personnes âgées, population auprès de laquelle la demande est pourtant croissante. De plus, les établissements sollicitent de plus en plus les Blouses roses : « Les directeurs d'établissements sont très demandeurs ; du fait de la pénurie de personnel, leurs soignants manquent de la disponibilité qu'ont les bénévoles », explique la présidente Colette Germain. Pour elle, le souci d'humanisation des services - ce que Yolaine de la Bigne traduit par « cette idée toute simple et tellement intelligente de dire qu'on guérit mieux quand on a un peu de bonheur » - se conjugue difficilement avec le passage aux 35 heures et la pression grandissante qui règne dans les services hospitaliers. D'où l'intérêt de faire appel à des personnes disponibles et capables de s'adapter aux contraintes professionnelles.
La formation essentielle.
Or le point fort de ces bénévoles est leur professionnalisation, voulue par l'association. « Le recrutement est très soigné, très sélectif, explique Colette Germain : on leur propose une réunion d'information, puis un entretien individuel. Ils intègrent ensuite une équipe pour une période d'essai d'environ deux-trois mois. Si cela fonctionne, le bénévole s'engage pour une année renouvelable et signe un code de déontologie qui encadre notre intervention dans les hôpitaux. » Les bénévoles sont formés en permanence grâce à des préparations aux activités proposées, qui vont du coloriage à la revue de presse, en passant par le thé dansant, les soins esthétiques, les marionnettes, le jardinage, la cuisine, les contes ou la pâte à modeler. Parallèlement, ils suivent des formations avec des médecins et/ou des psychologues pour l'approche psychologique des patients et la connaissance de leurs pathologies. Ils sont d'ailleurs associés, dans plusieurs établissements, à certaines réunions de staff.
A terme, l'association souhaite toucher de plus en plus de malades (près de 50 000, majoritairement des enfants, ont déjà reçu la visite de ses bénévoles en 2003) et table pour 2006 sur une augmentation de 20 % de ses effectifs qui permettrait l'ouverture de cinq à dix nouvelles unités. La logique de partenariat avec les équipes soignantes leur permet d'être bien acceptés, au point qu'une cadre soignante parle d'un véritable « soin relationnel » qui viendrait en complément du « soin technique » offert par le service. Enfin, l'association souhaite obtenir de nouveaux fonds pour financer les formations, dont le coût est de 80 euros par bénévole, et le matériel d'animation. Des bénévoles plus nombreux, plus jeunes, mieux formés : autant de facteurs d'amélioration de la vie à l'hôpital, bien que ces apports ne puissent se substituer à la qualité des soins ni à la relation entre les soignants, les médecins et leurs patients.
Pour en savoir plu : les Blouses roses, 5, rue Barye, 75017 Paris, tél 01.46.22.82.32/31, fax 01.46.22.82.39, e-mail lesblousesroses@wanadoo.fr, site www.lesblousesroeses.asso.fr.
Fais dodo...
« Un pédiatre m'a dit un jour : on vit à une époque où les mamans ne bercent plus beaucoup leurs enfants, un rêve fou serait d'avoir des bénévoles pour le faire », raconte Colette Germain, présidente des Blouses roses. Aussitôt dit, aussitôt fait. Voilà que des compagnies de « berceurs » viennent désormais proposer leurs bras et leur voix aux services de pédiatrie, pour bercer les plus petits et endormir les plus grands à l'approche des grandes angoisses nocturnes. « On s'est rendu compte qu'on touchait un public différent de bénévoles qui travaillent, des papas, des étudiants, qui viennent le soir après le boulot. » Les services sont très demandeurs et toutes les bonnes volontés bienvenues.
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