A L'OCCASION du 40e anniversaire du prix Nobel de physiologie et de médecine attribué aux pasteuriens André Lwoff, François Jacob et Jacques Monod (pour leurs travaux sur la régulation de l'expression des gènes), la Société française de génétique a souhaité réunir d'éminents chercheurs mondiaux à l'origine des progrès de la génétique et de la génomique. Le colloque intitulé « Du gène au génome: hérédité et société », qui aura lieu du 26 au 28 mai à La Grande-Motte, accueillera notamment trois prix Nobel de physiologie et de médecine : Sydney Brenner (prix Nobel en 2002, Salk Institute for Biologicals Studies, Etats-Unis), François Jacob (prix Nobel en 1965, Institut Pasteur) et James Watson (prix Nobel en 1962, Etats-Unis). « Nous voulons faire surgir tous les questionnements que peut susciter aujourd'hui la génétique, indique Michel Morange, directeur de l'équipe biologie moléculaire du stress (Cnrs-Ecole normale supérieure) et coorganisateur du colloque. Nous allons parler de génétique fondamentale, de génétique appliquée, comme dans le cas des empreintes génétiques, mais aussi des enjeux éthiques. Il est également très important de rappeler le contexte historique qui accompagne le développement des recherches sur la génétique. »
Une trentaine d'exposés, tous aussi passionnants les uns que les autres, sont regroupés en neuf sessions : gènes et développement ; évolution moléculaire ; comportement, vieillissement et reprogrammation nucléaire ; génétique, génomique et immunité ; génétique et génomique végétales ; gènes : concept et histoire ; génétique humaine : impacts sur la société ; des gènes à l'homme ; génétique et médicament.
Concernant les impacts médicaux, Alain Fischer (hôpital Necker - Enfants-Malades) expliquera notamment comment il est possible de soigner certaines maladies génétiques, en particulier du système immunitaire, en utilisant l'ADN comme médicament. Peter Goodfellow (GlaxoSmithKline, Royaume-Uni) montrera que la connaissance du génome a également permis des avancées importantes dans la recherche de cibles de médicaments et dans la découverte de nouvelles molécules actives sur ces cibles. On peut aussi imaginer, comme le fait Ehud Shapiro (Weizmann Institute of Science, Israël), de futurs médicaments intelligents, c'est-à-dire des machines moléculaires capables de diagnostic et de soin à l'intérieur de l'organisme.
S'agissant des impacts sociaux, Axel Kahn (hôpital Cochin) et André Langaney (Museum d'histoire naturelle) s'interrogeront sur ce qui permet d'expliquer les remarquables potentialités humaines, alors que le génome humain s'avère assez peu différent de celui d'autres primates. Le sujet des empreintes génétiques sera évidemment abordé comme la question de l'eugénisme ou du clonage.
Le clonage, un bon exemple.
« Le clonage est un bon exemple des relations entre la science et la société, commente Jean-Paul Renard, responsable de l'unité de biologie du développement et biotechnologie de l'Institut national de la recherche agronomique (Inra). Il illustre le cas où un résultat scientifique est immédiatement porté sur la place publique. Dès le lendemain de l'annonce de la naissance de la brebis Dolly, on s'est interrogé sur l'utilisation ou non du clonage et sur les limites qu'il fallait instaurer au recours à cette technique. On y a vu une menace à la fois pour l'homme (l'apparition d'un nouveau mode de procréation) et pour la biodiversité. Ces arguments sont ressortis avant même que la recherche ait eu le temps d'essayer de comprendre ce qu'étaient ces nouveaux animaux, remarque le chercheur. Aujourd'hui, on commence à avoir un peu de recul. Or, on est loin de l'identité des clones : l'animal cloné et son donneur, bien qu'ils aient le même génome, diffèrent par bien des points sur leur aspect et sur un certain nombre de critères physiologiques. » On est également très loin de la fiction proposée par la secte de Raël et le Dr Antinori sur les clones humains. Encore aujourd'hui, on ne sait pas expliquer comment le noyau peut redevenir embryonnaire, quel est le programme de développement du foetus, quelle est la part de l'épigenèse dans le rôle du fonctionnement des gènes et quelle est la part de l'environnement de l'embryon dans le développement et la croissance du fœtus. Beaucoup de questions sont encore ouvertes. Le colloque offre l'opportunité de les étudier avec lucidité.
Intégralité du programme sur www.genetogenome.org.
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