«LA BEAUTÉ dans la simplicité.» Ainsi Rodin décrivait-il les sculptures de Jane Poupelet, dont l’oeuvre équilibrée et harmonieuse s’inscrit dans la tradition classique, une tradition que cette femme artiste sublima par un sens de l’épure et de la stylisation, dans des formes simplifiées. Poupelet conçut un bestiaire rempli d’animaux domestiques, de basse-cour ou de la ferme, aux petites dimensions : chats sous forme de presse-papiers (voir le ravissant « Chat accroupi » en bronze vers 1904-1905), « Vache couchée », ânons (celui de l’exposition, en bronze aux reflets dorés), canards, oies, coqs, « Lapin à l’oreille dressée » (bronze à patine noire avec des nuances vertes en 1905-1908), dindons, poules, chèvres...
Les animaux de ce « zoo » en trois dimensions sont réduits à leur plus simple expression : les formes sont synthétisées, lissées, sobres. Avec patience et méticulosité, Poupelet dessine d’abord ses modèles, puis effectue une maquette modelée et moulée en plâtre, qui, une fois sèche, est sculptée et ciselée à loisir par ses soins : «J’ajoute, j’enlève, je simplifie...», confiait-elle.
Pas de divagations, ni d’inventions fantaisistes. L’art de Poupelet est proche de la réalité, il est objectif.
Lorsqu’elle ne sculptait pas d’animaux, l’artiste imaginait de gracieuses silhouettes de femmes à leur toilette, des baigneuses, des nus, des jeunes filles assises... L’exposition offre également une délicate « Méditation » (plâtre réalisé entre 1924 et 1930) ainsi que des terres cuites (un « Fossoyeur » et une « Commère au chapeau » par exemple, d’un style naïf et rudimentaire), des bas-reliefs décoratifs, et une centaine de dessins, libres, audacieux, au trait rapide et intuitif. Le parcours ne serait pas complet sans la présence de quelques oeuvres des artistes qui furent proches de la sculptrice : François Pompon – dont le bestiaire naïf rappelle à beaucoup d’égards celui de Jane Poupelet –, Lucien Schnegg (qui réalisa un buste fier et brillant de la jeune femme), Rodin, Rosa Bonheur (et sa « Tête de chien » au fusain), Barye, ainsi que les peintres René Princeteau et John-Lewis Brown.
Saluons l’initiative de ce premier hommage consacré à Jane Poupelet depuis sa disparition.
« Jane Poupelet. La beauté dans la simplicité ». Musée des Beaux-Arts, 20, cours d’Albret, 33000 Bordeaux. Tél. 05.56.10.20.56. Tlj sauf mardi, de 11 h à 18 h. Entrée : 5 euros (TR : 2,5 euros). www.bordeaux.fr Jusqu’au 4 juin. Catalogue, éd.Gallimard, 2005, 172 p., 35 euros.L’exposition sera présentée au musée Despiau-Wlérick de Mont-de-Marsan, du 24 juin au 2 octobre.
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