La correspondance du Dr Jean-François Bennehard lue dans le n° 2582 du Généraliste et intitulée « à chaque patient sa main » me remet en mémoire ce petit texte iconoclaste que j'avais commis il y a plusieurs années déjà et qui probablement pourrait me valoir une radiation de l'Ordre des Médecins et les foudres des Caisses De Sécurité Sociale si nous n'étions pas en fin d'année, période de détente et de trêve.
Le cadre très strict de la « consultation » doit comporter trois temps pour pouvoir prétendre à la perception d'honoraires. La chronologie du déroulé de l'acte doit être également respectée. Nous vivons dans un siècle ou la denrée la plus rare n'est ni l'eau ni le pétrole mais le temps. Pour respecter la déontologie et me mettre en conformité totale avec mon époque voici la façon dont se passent mes consultations.
Lorsque mon patient entre dans mon cabinet, je lui demande d'emblée : « comment allez-vous ? » L'étape numéro un c'est-à-dire l'interrogatoire est effectué. De façon concomitante je lui serre la main, et cet examen clinique qui peut paraître modeste m'apporte énormément d'informations. En effet la main et le reflet de l'âme et du corps, et je perçois immédiatement la chaleur la fermeté éventuellement le petit tremblement ou la petite lésion cutanée autant d'éléments qui me renseignent sur l'état somatique et psychologique de mon patient. Durant ce deuxième temps de l'acte, mon cerveau analyse l'ensemble de ces données afin de réaliser une prescription ou un conseil que je formule avant même d'avoir lâché la main de ma pratique : « on ne change rien ! ». La valse à trois temps de la consultation est parfaitement respectée et n'étant pas avare de mes propos, alors que je perçois mes 23 € bien mérités, je rajoute cette phrase dont l'ambivalence n'échappera pas à mes confrères : « très honoré ». Effectivement 23 € pour une moyenne de 15 secondes je ne me plains de rien !
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