Découvert par Miles Davis (les légendaires sessions « Bitches Brew ») voila près de quarante ans, le contrebassiste anglais Dave Holland (1), 60 ans, cultive depuis longtemps deux facettes de sa personnalité : leader et soutien. Le soutien, il l’apporte au sein de son groupe, de son grand orchestre, voire quand il est appelé par d’autres jazzmen. En tant que leader, sa meilleure réussite reste son quintet actuel, trait d’union entre générations, avec l’étonnant et explosif Chris Potter (saxophones), Robin Eubanks (trombone), Steve Nelson (vibraphone) et Nate Smith (batterie).
A leur actif, un nouvel album, « Critical Mass » (Dare2 Records/Universal), comprenant uniquement des compositions originales des membres, inspirées par les musiques dans l’air du temps, et qui démontrent avec brio l’extrême cohésion-complicité qui existe au sein d’un quintet qui est aussi une sorte de laboratoire exploratoire. De l’innovation dans la tradition.
Fils aîné de…, Kyle Eastwood (2) s’impose de plus en plus comme un bassiste (électrique et acoustique) et un compositeur qui force le respect, surtout depuis la parution de son précédent CD, « Paris Blues » (2005). Installé à Londres, il a fait appel à quelques pointures – notamment Ben Cullum (vocal), frère de Jamie, ou Manu Katché (percussions) – pour enregistrer « Now » (Candid/Harmonia Mundi), un disque chanté et instrumental fait de compositions originales des membres du groupe à l’exception d’une reprise de Sting, fortement imprégné de funk, de soul, de jazz, de pop et de rock. Une musique très urbaine, loin des morceaux écrits pour les deux derniers films de son père, « Mémoire de nos pères » et « Letters from Iwo Jima ».
Le contrebassiste Keith Moore «Red» Mitchell (1921-1992) n’a jamais atteint, en France, la réputation d’authentique meneur d’hommes qu’il méritait. Invité par les plus grands – de Gerry Mulligan à Lee Konitz en passant par Jim Hall – pour sa solidité rythmique et l’ampleur de sa sonorité, il a réalisé plusieurs disques en tant que leader, dont cette réédition, datant de 1969, intitulée « One Long String » (Emarcy/Universal), à la pochette très flower power. Accompagné de deux jazzmen suédois – Bobo Stenson (piano) et Rune Carlsson (batterie) –, il propose une série de thèmes innovants mettant en valeur une basse imposante et majestueuse, à la fois soliste délicate et superbe soutien mélodique.
La France d’en basse.
Pour son premier disque comme leader en vingt ans de carrière, « Or Else » (Sevenislands Records/Nocturne), le contrebassiste français Gildas Boclé, a fait appel à la crème de certains solites américains parmi lesquels le légendaire vibraphoniste Gary Burton et le batteur Billy Drummond. Avec la présence aussi de son frère Jean-Baptiste (orgue/vibraphone), le bassiste se révèle et se libère, en solo en pizzicato et à l’archet, sur des thèmes originaux, le tout avec un accompagnement royal.
Pierre Michelot (1928-2005) était considéré comme l’un des meilleurs contrebassistes post-bop européens. Accompagnateur de tous les Américains de passage à Paris dans les années 1950 – il participe notamment à l’enregistrement de « Ascenseur pour l’échafaud » avec Miles Davis –, il fut également invité aux dernières séances de Django Reinhardt. Instrumentiste au tempo remarquable, sans faille, riche et stimulant, il grave en 1989 « Bass and Bosses » (Emarcy/Universal), avec des pointures comme Toots Thielemans (harmonica), Pierre Blanchard (violon), Maurice Vander (piano) et Billy Higgins (batterie), un CD fait de plusieurs standards qui sont autant d’hommages d’un perfectionniste de la contrebasse à de glorieux aînés du be-bop. Pour mémoire.
(1) Jazz au fil de l’Oise (01.34.48.45.03, www.jafo95.com), Cergy-Pontoise, 21 novembre, 20 h 30.
(2) Paris, New Morning (01.45.23.51.41, www.newmorning.com), 23 novembre, 21 h.
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