IL FUT UN TEMPS où posséder des vignes était monnaie courante pour les hôpitaux. La pratique remonte au Haut Moyen Age, époque où le vin avait toutes les vertus pour les hospices et les maladreries. En lui-même, il était considéré comme un fortifiant ; il servait aussi à désinfecter les plaies et les blessures. Indirectement, les vignes étaient, au même titre que les forêts ou les fermes, un placement sûr dont le produit permettait aux établissements de soins d'acheter médicaments et nourriture pour leurs pensionnaires. Autant de raisons pour que, parmi les legs volontiers faits aux hôpitaux par de riches personnes soucieuses du salut de leur âme, la vigne figure en bonne place.
En aliénant en grande partie les biens des hospices, la Révolution a privé ou presque l'hôpital de son vignoble - ce qu'elle lui a laissé a été largement dispersé aux XIXe et XXe siècles.
Quelques parcelles sont cependant restées dans le giron hospitalier. Les plus connues sont aux mains des Hospices de Beaune et de Nuits-Saint-Georges, du CHU de Bordeaux, qui possède 2,2 ha du premier grand cru classé des graves, le château-haut-brion ; elles sont évidemment une manne financière pour les établissements propriétaires à qui elles rapportent globalement autour de 1 million d'euros.
Tous les hôpitaux et maisons de retraite vignerons - ils sont aujourd'hui dix-huit - n'ont pas cette bonne fortune. Car grands domaines ou poignée de ceps, toutes les situations existent. Il y a les hospices de Beaujeu qui, avec leurs 80 ha, sont les troisième propriétaires de beaujolais. Il y a la maison de retraite de Sceaux, dans les Hauts-de-Seine, dont la production ne dépasse pas quelques litres. Et puis il y a des curiosités, comme l'hôpital psychiatrique d'Auxerre, qui exploite le dernier survivant des grands vins de la ville (le clos-de-la-chaînette, 4 ha), un breuvage qui jouissait au Moyen Age d'une très grande réputation et dont l'exportation est attestée dès le XIIe siècle, avant même que l'on ne trouve trace du commerce des vins de Bordeaux ou de Beaune.
Voir « Vignobles et hôpitaux de France », édité en 1998 par la Société française d'histoire des hôpitaux, sous la direction de René Tournier.
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