Si « le Généraliste » était paru en octobre 1906

La colère des médecins du ministère

Publié le 15/10/2015

La dernière mesure prise par le ministre de l’Intérieur aux termes de laquelle les médecins du ministère ne seront rémunérés qu’à la visite et ne recevront désormais plus de traitement fixe a produit une certaine émotion.

Le spirituel “ sauvage ” du “ Journal ”, Henry Maret, fait malicieusement observer, à ce sujet, que les Chinois procèdent d’une façon tout opposée : “ Les Chinois, dit-il, payent le médecin quand ils ne sont pas malades et cessent de le payer dès qu’ils ont une indisposition. Qu’est-ce que nous demandons aux médecins ?, disent-ils sans vergogne,. Est-ce la maladie ? Évidemment non. C’est la santé. Tant qu’il ne nous l’a pas rendue, nous ne lui devons rien. Vous autres, Occidentaux, vous êtes si bêtes que vous intéressez les médecins au prolongement de vos maladies. Chez nous, au contraire, ils sont intéressés à ce que nous soyons gaillards et nous portions comme des dieux. ” Mais il ajoute très sensément : “ Ce raisonnement, si juste qu’il soit, ne saurait être appliqué aux médecins des administrations, dont la fonction ne consiste pas à soigner ou à guérir des malades, mais simplement à constater leur état. ”

Henry Maret ajoute qu’étant rapporteur du budget des Beaux-Arts, il fit supprimer le traitement du “ médecin de l’Obélisque ” car il y avait, dit-il, depuis Louis-Philippe, un médecin de l’Obélisque. Je crois bien que le malin publiciste se gausse, en l’espèce, un peu de nous ; mais s’il a voulu signifier par là qu’il y a encore pas mal de sinécures qui ne sont guère plus utiles que celle-là, nous serons bien forcés de convenir qu’il n’a pas tout à fait tort de railler.

( La Chronique Médicale, octobre 1906)

Source : lequotidiendumedecin.fr