LA COEXISTENCE d'une dépression majeure avec une insuffisance cardiaque chronique (ICC) double la mortalité cardiologique. Les patients en ICC présentant un dysfonctionnement ventriculaire gauche asymptomatique associé à une élévation du taux plasmatique de norépinéphrine (NE) ont aussi une mortalité multipliée par deux. Une étude a montré qu'une augmentation de la norépinéphrine de 40 % par rapport aux témoins multiple aussi la mortalité par deux.
Des chercheurs en neuro-endocrinologie ont posé l'hypothèse que des patients présentant une dépression majeure étaient à même d'avoir une augmentation centrale de la NE, liée au stress ; ce qui expliquerait l'augmentation de la mortalité dans les cas d'ICC compliquée de dépression.
Ils ont mené une étude dans la dépression mélancolique, caractérisée par une hypervigilance, une insomnie, un éveil matinal précoce (la dépression est pire la matin) et une anorexie. L'idée étant que les patients souffrant de dépression mélancolique seraient susceptibles d'avoir une hypersécrétion de NE.
Ont été étudiés 33 témoins et 22 patients ne recevant pas de médicaments, mais traités par électro-convulsivothérapie (ECT).
Avant et après ECT, on a mesuré les taux de NE dans le plasma et dans le LCR (liquide céphalo-rachidien) ainsi que l'épinéphrine et le cortisol plasmatiques.
Correction après électro-convulsivothérapie.
Les résultats confirment l'élévation du taux des catécholamines et montrent que le traitement par ECT les ramène aux valeurs des témoins.
Chez les patients souffrant d'une dépression grave, les taux moyens de NE sont augmentés dans le LCR sur tout le nycthémère dans le LCR (p < 0,02) et le plasma (p < 0,02). Tout comme l'épinéphrine plasmatique (p < 0,02) et le cortisol plasmatique (p < 0,02).
Augmentation nocturne et pic matinal.
Les courbes du rythme de sécrétion montrent que la NE du LCR, l'épinéphrine plasmatique et le cortisol augmentent tous ensemble pendant la nuit pour former un pic matinal.
Après une ECT, les valeurs sont toutes ramenées à la normale.
Chez les patients mélancoliques à dépression modérée à légère, on constate aussi une augmentation de la NE basale et liée au stress.
« Cette augmentation de la NE tout au long du nycthémère est capable d'expliquer l'augmentation de la mortalité dans l'ICC. »
Les indices sur vingt-quatre heures de sécrétions au niveau central de catécholamines noradrénergiques, médullosurrénaliennes et corticosurrénaliennes sont également élevés. Des rythmes diurnes simultanés de ces sécrétions sont à même d'amplifier leur cardiotoxicité. Et même, dans le cas des mélancolies où la dépression est légère à modérée, on a des augmentations cliniquement pertinentes des taux.
Dans les cardiopathies.
Si cela est observé dans ces dépressions particulières de patients mélancoliques, qui peuvent apparaître liées physiopathologiquement à une augmentation du tonus sympathique, on ne peut tirer la même conclusion pour tous les types de dépression.
« Nos résultats apportent des éléments supplémentaires à l'hypothèse selon laquelle la dépression majeure soit une maladie systémique. » Et ils montrent qu'il y a une urgence à diagnostiquer et à traiter une dépression chez les patients souffrant d'une ICC compliquée de dépression.
« Proc Natl Acad Sci USA », édition avancée en ligne.
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