Face à l’indicible, l’impensable, la littérature a-t-elle le dernier mot ? Le meurtre de deux enfants par leur mère n’a pas d’explication. Et les mots de la folie, les diagnostics des psychiatres sont loin de dissiper le mystère. Alors, Laura Alcoba dans cette forêt touffue avance pas à pas. Elle ne nous épargne aucune scène, pas même la mort des deux petits garçons dans la baignoire. L’autrice laisse certes sur le chemin quelques petits cailloux pour ne pas se perdre et retracer un itinéraire, une histoire, une vie, celle de la mère possédée, à l’image de Médée, la figure originelle, la matrice si l’on ose dire de ces crimes qui soulèvent l’effroi. Mais à la différence de la mythologie, dans la vraie vie, la reconstruction est possible. Une vie normale ? Peut-être pas. La culpabilité n’a pas de limite dans le temps. Aucune peine dans le double sens du mot ne peut l’encadrer. Surgit toutefois un éclat lumineux dans les histoires, même les plus terribles comme cette institutrice qui a perçu la folie et sauvé une petite fille un jour terrible du feu de sa mère. Est-ce pour cela qu’elle a perdu la vue ? Bien des années plus tard, ils se retrouveront grâce à un papier glissé comme au Mur des lamentations. Mais ce n’était peut-être pas là un miracle. À la fin, avec une économie de moyens, l’émotion nous saisit. Qui sommes-nous pour juger ?
Par la forêt, Laura Alcoba, éditions Gallimard, 2022, 194 pages, 18,50 euros.
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