Eddie Barclay, dernier nabab du show-biz

La fête est finie

Publié le 22/05/2005

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DANS UNE SOCIÉTÉ qui a de plus en plus une mémoire sélective - voire sélectionnée -, le grand public ne retiendra d'Eddie Barclay que les frasques : les huit mariages - et presque autant de divorces - avec de jeunes créatures de rêve, les fêtes en blanc dans sa somptueuse villa de Saint-Tropez, les parties de pétanque avec des people (pour les photographes), l'alcool, les cigares cubains et les virées nocturnes. C'est faire peu de cas de ce que Edouard Ruault (son vrai nom), fils de bistrotier, né en 1921, et qui vient de décéder, a apporté à la musique en France depuis cinquante ans.
Il faut remercier Eddie Barclay, ancien pianiste de bar, d'avoir, à la fin des années 1940, introduit le microsillon en France, d'avoir été l'un des précurseurs du jazz moderne, avec son complice Quincy Jones, de la production de disques sous le label Blue Star (Charlie Parker, Dizzy Gillespie, etc.), puis, sous son label pseudonyme, d'avoir signé (débauché ?) et découvert des grands noms de la chanson française comme Dalida dès 1956, Jacques Brel, Léo Ferré, Jean Ferrat, Alain Barrière, Henri Salvador, Leny Escudero, Hugues Aufray, Michel Sardou, Nicoletta, ainsi que des pointures du rock : Vince Taylor et un autre Eddy, Mitchell celui-là. Collectionneur de talents ayant compris avant l'heure qu'il fallait établir un partenariat avec les radios et les salles de spectacles - ses amis s'appelaient Lucien Morisse (Europe 1) et Bruno Coquatrix (Olympia) -, il sera malheureusement contraint de vendre sa maison de disques dans les années 1970 alors que la vague disco déferle sur le marché. Le show-business vient de perdre son dernier nabab. La fête est finie. Ne reste que le business. Avec son cortège de médiocrité.

> D. P.