En dernière analyse, l'étude HOPE 3 a évalué l'effet de la combinaison du traitement antihypertenseur et du traitement hypolipémiant (3). Parmi les 12 705 patients inclus dans l’étude, 3 180 ont reçu les 2 antihypertenseurs et la statine et 3 168 ont reçu le double placebo de ces traitements.
Cette combinaison thérapeutique a permis une diminution du LDL de 0,34 g/l et de la PAS de 6,2 mm Hg.
Au terme du suivi moyen de 5,6 ans, sous traitement par rapport au placebo, il y a eu une réduction significative des événements du premier critère primaire (113 [3,6 %] vs 157 [5,0 %] ; HR : 0,71 ; IC 95 % : 0,56-0,90 ; p=0,005) et du second critère primaire (136 [4,3 %] vs 187 [5,9 %] ; HR : 0,72 ; IC 95 % : 0,57-0,89 ; p=0,003).
L’analyse en fonction des tertiles de PAS a montré que dans le tertile ayant la PAS la plus élevée le bénéfice du traitement en termes de réduction relative du risque (RRR), provenait pour des parts similaires de la statine et des antihypertenseurs (RRR de la statine associée aux antihypertenseurs : 39 % ; RRR provenant de la statine : 18 % ; RRR provenant des antihypertenseurs : 21 %) alors que dans le tertile ayant la PAS la plus basse, le bénéfice provenait exclusivement de la statine (RRR de la statine associée aux antihypertenseurs : 20 % ; RRR provenant de la statine : 31 % ; augmentation relative du risque provenant des antihypertenseurs : 7 %).
Un concept déchu ?
Le résultat de cette étude est simple : une statine apporte un bénéfice clinique indépendant des caractéristiques de base des patients et peut être envisagée comme étant un réducteur de risque CV qui pourrait, en fonction de choix de santé publique, être proposée largement à une population. En revanche les antihypertenseurs sont sans effet bénéfique chez les patients dont la PAS est inférieure à 140 mm Hg et pourraient être délétères chez ceux dont la PAS est inférieure à 130 mm Hg, ils sont donc des traitements de l’HTA, celle-ci étant définie comme une PAS supérieure à 140 mm Hg, et ne peuvent être proposés à l’ensemble d’une population indépendamment de la valeur de leurs chiffres tensionnels. Ils ne doivent donc pas faire partie d’une polypill, concept qui en 2016, se résume donc à une statine.L'étude HOPE-3 met probablement fin au concept de polypill, c’est-à-dire à la possibilité de réduire le risque CV d’une population par un comprimé comprenant une statine et des antihypertenseurs, quels que soient les paramètres lipidiques et les chiffres tensionnels des patients qui la compose.
Yusuf S et al. N Engl J Med 2016; DOI:10.1056/NEJMoa1600177
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