« SANS LA REACTION exceptionnelle du personnel qui a eu les comportements appropriés, on aurait pu déplorer un nombre de victimes beaucoup plus important », confie le directeur de l'hôpital Layné, de Mont-de-Marsan, Alain Soeur. L'incendie qui s'est déclaré avant-hier, à 18 h 50, dans la chambre d'un patient hospitalisé en neurologie, au premier étage d'un bâtiment situé au cœur de l'hôpital montois, a pris tout le monde par surprise. Très vite, les bons réflexes prennent le dessus. Le personnel soignant se remémore la formation incendie suivie un mois plus tôt, et hurle les consignes : fermer les portes, ne pas sortir des chambres. Les pompiers prennent le relais, et évacuent les malades en brisant les fenêtres. La Croix-Rouge arrive en renfort. En un quart d'heure seulement, 120 personnes réparties sur trois étages sont évacuées. Alain Soeur déclenche immédiatement un plan blanc, et, dans les trois heures qui suivent, tous ces patients sont replacés ailleurs dans l'hôpital.
« Remarquable », commente le directeur de l'agence régionale de l'hospitalisation d'Aquitaine, Alain Garcia, convaincu, comme Alain Soeur, qu'un drame beaucoup plus grave aurait pu se jouer là.
Deux patients de 75 et 84 ans y ont tout de même laissé la vie. Le directeur de l'établissement avance une explication : « Ils étaient alités, endormis, sans doute pas conscients, et tout près de la chambre d'où est parti le feu. Ils n'ont pas fermé leur porte », et sont morts intoxiqués par la fumée.
Enquêtes en cours.
Deux enquêtes sont en cours, pour déterminer l'origine de l'incendie. La police judiciaire a été dépêchée sur les lieux le soir même, tandis que l'ARH s'est vue confier une enquête administrative par le ministre de la Santé. Philippe Douste-Blazy s'est rendu à Mont-de-Marsan. Il a exprimé sa « très vive émotion », et sa « solidarité à l'égard des familles et de leurs proches ». Il a également tenu à féliciter l'ensemble du personnel pour sa grande réactivité. « On a là le témoignage de ce que le monde hospitalier est capable de faire », salue de son côté le directeur de l'ARH d'Aquitaine.
Comment vont se dérouler les prochaines semaines, à l'hôpital de Mont-de-Marsan ? Le service de neurologie est totalement dévasté, d'autres sont noircis. Une soixantaine de lits seront inutilisables pendant deux à trois mois (sur un total de mille lits), le temps de l'enquête et des travaux. « On va essayer de récupérer progressivement nos capacités, explique Alain Soeur. Mais avant de remettre des malades, il va falloir évacuer l'eau, vérifier la sécurité de l'électricité et des circuits de gaz et de fluides. »
Solidarité régionale.
Le service de chirurgie ambulatoire a été fermé, des interventions, reportées. Les personnes âgées relevant de la médecine interne seront orientées vers les hôpitaux et cliniques des environs pendant quelque temps. « Il faut une solidarité régionale comme pour AZF, toutes proportions gardées », estime le directeur de l'hôpital de Mont-de-Marsan.
De son côté, l'ARH a annoncé le déblocage d'une aide exceptionnelle pour compenser la chute d'activité qui va résulter de la fermeture transitoire d'une partie des lits. « Ainsi, l'hôpital ne sera pas pénalisé avec la tarification à l'activité », assure Alain Garcia, le directeur de l'agence.
Reste un point important à élucider : comment l'incendie s'est-il déclenché ? « Pour l'heure, c'est une inconnue totale », dit Alain Garcia. Une polémique est née autour de l'occupant de la chambre d'où est parti le feu. Un patient présentant des troubles d'origine somatique, doublés d'un état de confusion mentale. Un syndicat de personnel se demande si ce patient était à sa place en neurologie, et s'il ne relevait pas plutôt de la psychiatrie.
Le même syndicat, SUD santé, estime que le drame pose à nouveau la question du manque de moyens de la psychiatrie publique. Une analyse que conteste vivement le directeur de l'hôpital : « Ce malade relevait de la neurologie, il est inopportun de polémiquer sur sa présence en neurologie, et prématuré de parler de responsabilité ou de culpabilité. Vu son état de confusion, il ne pouvait repartir chez lui. On a fait des recherches pour le transférer en soins de suite et de réadaptation, mais on ne trouvait pas de place », déclare Alain Soeur. Son transfert en hôpital psychiatrique était prévu pour mardi midi, mais a été retardé, selon une psychiatre.
Depuis les faits, le septuagénaire a été placé en isolement à l'hôpital psychiatrique Sainte-Anne de Mont-de-Marsan.
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