L’AFFAIRE TRAINE depuis plusieurs mois et ne paraît pas trouver de dénouement : la réforme du statut des praticiens hospitaliers (PH) – et plus particulièrement les dispositions relatives au mode de nomination de ces médecins – donne lieu à une guerre de position dont on ne voit pas l’issue, le gouvernement ne semblant décidé ni à passer en force, ni à amender ses projets, pas plus que ses opposants à lâcher quelque lest que ce soit.
Tableau des forces en présence : le ministère de la Santé, soutenu dans ses plans par deux syndicats de PH – la CMH (Coordination médicale hospitalière) et le Snam-HP (Syndicat national des médecins des hôpitaux publics) –, fait face à l’alliance nouée par la CPH (Confédération des praticiens des hôpitaux) et l’Inph (Intersyndicat national des praticiens hospitaliers), poids lourds du syndicalisme médical hospitalier si l’on se réfère aux résultats des élections professionnelles de l’été dernier.
Jeudi dernier, la CPH et l’Inph sont une nouvelle fois sortis de leur tranchée au cours d’une journée d’action et de grève. Le mouvement a, semble-t-il, été moins suivi que celui du 11 mai, orchestré par les mêmes organisations et pour les mêmes motifs. Le ministère de la Santé a établi à 6,38 % le taux de participation dans tous les hôpitaux (contre plus de 18 % le 11 mai) et à 7,79 % dans les seuls CHU (contre 20,11 % précédemment). Pour leur part, tout en reconnaissant une légère baisse de mobilisation, la CPH et l’Inph ont estimé que la grève avait été «largement suivie en psychiatrie et chez les urgentistes, avec des taux compris entre 40 et 62% selon les établissements», ces mêmes taux s’inscrivant dans une fourchette allant de 25 à 40 % en MCO.
A Paris, banderoles déroulées et porte-voix à la main, une cinquantaine de praticiens se sont réunis sous les fenêtres du ministre de la Santé, Xavier Bertrand, pour réaffirmer leur mécontentement et remettre au gouvernement une pétition signée par quelque 15 000 PH. Parmi eux, battaient le pavé les présidents de l’Inph, Rachel Bocher, de la CPH, Pierre Faraggi, mais aussi de l’Amuf (Association des médecins urgentistes de France), Patrick Pelloux, qui ne décolère pas : « Le gouvernement mène une politique à la Harry Potter. Il sort des machins de son chapeau, procède par incantations. Cette réforme du statut de PH va tuer l’hôpital public. Les choses se cristallisent sur la nomination des praticiens, mais il n’y a pas que cela! La part variable du salaire est inique, et la fin de l’écrit du concours de PH signe la fin de l’égalité de l’accès à la profession.» Reçue par les conseillers techniques du ministre, une délégation a dénoncé «le caractère inacceptable de la pseudo-concertation poursuivie par le cabinet qui conduit à privilégier des accords archiminoritaires et écarte tout réel dialogue social» et insisté sur «l’opposition» des PH à leur affectation locale et «à ses effets pervers sur le statut, sur l’indépendance professionnelle et sur le dynamisme des équipes médicales hospitalières publiques». Les doléances ont également porté sur la situation des PH à temps partiel, sur le dossier de la revalorisation des astreintes et sur celui des retraites (qui donne lieu à une réunion aujourd’hui au ministère). Sur tous ces sujets, les PH en colère se sont entendu promettre «un retour du ministre» au début de cette semaine. «Ils essaient de trouver un arrangement sur des solutions qui n’existent pas», se lamente Rachel Bocher.
Dans un communiqué, Xavier Bertrand continue en tout cas de considérer que «les évolutions statutaires envisagées ont fait l’objet d’une très large concertation et donnent satisfaction à de très nombreuses revendications exprimées par leurs organisations représentatives». S’il n’est pour l’instant pas question d’une reprise des négociations telle que la réclament la CPH et l’Inph, le dialogue de sourds, lui, continue.
> KARINE PIGANEAU
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