La Première Guerre mondiale qui ne ressemblait à rien de ce qu’on avait connu jusque là reçut une « couverture médiatique » (l’expression est bien postérieure) multiforme et sans précédent. A la presse écrite s’ajoutèrent la photographie et le cinéma.
Il y eut aussi les tracts, déversés généreusement de chaque côté du front par avions ou zeppelins, les avis placardés sur les murs (dont les réquisitions par l’occupant de chats, d’avoine ou d’otages dans les régions du Nord et de l’Est…) et bien sûr les affiches, illustrées par les plus célèbres crayons du moment – Steinlen, Faivre, Poulbot …. Fallait-il compter dans les médias le courrier envoyé du front et les journaux intimes ? Ce n’est pas évident.
Les ciseaux de la censure
Brutale ou larvée, la censure est omniprésente. Si la « grande presse » la subit de plein fouet, « Anastasie » taille allègrement dans les journaux de tranchées (2) dont la lecture est un régal. On compte environ 500 titres de ces feuilles faites par et pour les Poilus – « Le Rire aux éclats », « Le Poilu enchaîné », « Plaies et Boches »… Sur les photos (le Service Photographique aux Armées est créé en 1915 mais les soldats emportèrent dès 1914 des appareils miniaturisés dont la qualité des épreuves suscite l’admiration) et dans les films, les morts sont essentiellement allemands : il ne faut pas désespérer l’arrière… Quand à la peinture, elle se sent très vite impuissante à rendre cette « guerre de l’invisibilité » où des millions d’hommes s’enterrent sur un front de 700 km… Les vrais témoignages sont désormais à chercher dans les dessins de Poilus connus (Masson, André Mare, Zadkine) ou inconnus.
« Et tandis que les bonhommes, couverts de boue, éclaboussés de sang, gravissent péniblement leur indescriptible calvaire, la "grande guerre" à l’arrière se traduit en livres, en articles, en dessins, en films et en chansons. Une horde d’industriels de la pensée et de l’image se sont jetés sur la grande catastrophe comme des mouches sur une charogne. A de rares exceptions près, ceux qui font la guerre ne sont pas ceux qui la racontent ». Ces lignes signées en juin 1917 par Jean Galtier-Boissière dans « Le Crapouillot » (journal de tranchées qu’il avait fondé) furent censurées.
(2) A lire : « Les Journaux de tranchées » ,de Jean-Pierre Turbergue, aux Editions Italiques .
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