« Un fil à la patte », de Michel Deville

La mécanique du plaisir

Publié le 03/05/2005

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MICHEL DEVILLE aime les batifolages, les marivaudages, mais aussi les constructions au millimètre près. Il était fait pour rencontrer une œuvre de Feydeau. Et réciproquement. Le réalisateur de « Benjamin ou les mémoires d'un puceau » et du « Dossier 51 » trouve l'exact équivalent cinématographique à l'impeccable mécanique du maître du vaudeville.
Et il mène ses acteurs à la baguette, celle d'un chef d'orchestre qui connaît les nuances de chaque instrument.
Donc « le Fil à la patte ». Le vaudeville dans sa quintessence, avec portes qui claquent, surprises et quiproquos en tous genres. Les jeux du plaisir et de l'argent. L'intrigue et les costumes sont ceux de l'époque de Feydeau, le tournant de l'autre siècle. La liberté est celle d'un cinéaste et de comédiens d'aujourd'hui. La critique d'une société corsetée n'a plus de raison d'être - encore que -, l'exaltation du plaisir et du choix d'aimer, si. Alors Deville se lâche et permet à ses acteurs de se lâcher, pour le plus grand bonheur du spectateur. Emmanuelle Béart est mutine, Charles Berling fait des clowneries et le reste de la distribution est à l'avenant (Dominique Blanc, Patrick Timsit, Julie Depardieu, Sara Forestier, on en oublie).
Inutile de préciser que la mécanique fonctionne, au rythme de l'entraînante musique de Gounod. On sourit, on rit, on se sent léger, le court temps (1 h 20) d'un film sans entrave.

> R. C.