LE CHOIX DE LA SPÉCIALITÉ d’internat, qui va se dérouler jusqu’au 27 septembre dans un amphithéâtre de Marne-la-Vallée, devrait confirmer que la médecine générale n’est toujours pas une discipline attractive. Au terme du préchoix effectué sur Internet par les étudiants, plus de 600 postes de médecine générale sur les 2 353 ouverts cette année vont en effet ne pas trouver preneurs.
Lors des deux premières éditions des épreuves classantes nationales (ECN), la même situation s’était déjà produite. Les étudiants avaient préféré redoubler plutôt que d’opter pour la nouvelle spécialité. Cette année, ce sont très exactement 488 candidats qui ont invalidé leur Dcem 4. Un chiffre en hausse de 20 % par rapport à l’an dernier.
A partir d’aujourd’hui, 4 494 étudiants sur 4 900 classés vont choisir une spécialité (1). Selon les simulations effectuées en fonction des voeux des candidats, seulement 10 étudiants sur les 500 premiers classés vont se tourner vers la médecine générale. De nombreuses facultés du nord, de l’est et du centre du pays vont une nouvelle fois manquer d’internes de médecine générale. Il restait 47 postes à pourvoir à Amiens, 51 à Caen, 56 à Reims, 55 à Nancy, 70 à Tours... «Nous n’attendons pas de miracle, confie Laurent Dissard, porte-parole de l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG). La médecine générale est toujours choisie par défaut et nous craignons que ce phénomène se reproduise l’an prochain.» La situation est d’autant plus ambiguë que le choix des postes d’internat concerne cette année des résidents qui se sont présentés aux épreuves classantes nationales (ECN) pour obtenir l’équivalence au diplôme d’études spécialisées (DES) de médecine générale. Un peu plus de 400 d’entre eux devraient choisir un poste. «L’intégration des résidents va forcément poser problème puisque ces étudiants sont pour la plupart en fin de cursus et qu’ils n’occuperont pas de fonctions hospitalières», constate Virginie Prade, présidente de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf).
Même tendance que l’an dernier.
Comme l’an dernier, les étudiants les mieux classés devraient se ruer sur les spécialités médicales (760 postes) et chirurgicales (550), la pédiatrie (196), ou encore la psychiatrie (300), l’anesthésie-réanimation (243), la gynécologie-obstétrique (150), la santé publique (70), la médecine du travail (60), la biologie médicale (58) ou la gynécologie médicale (20). «La tendance est la même que l’an dernier, confirme Olivier Mir, président de l’Intersyndicat national des internes des hôpitaux (Isnih). La médecine générale part en queue de peloton, ce qui est normal puisque aucun effort n’a été fait pour rendre la spécialité plus attractive.Les services de certains hôpitaux vont avoir de grosses difficultés pour tourner car ils sont tributaires du nombre d’internes de médecine générale. La situation se reproduit pour la troisième année consécutive, c’est dramatique.»
A l’Isnar-IMG, on redoute que le déficit de formation des médecins généralistes ne porte préjudice à la profession dans les années à venir. «Nous n’utilisons pas à fond nos capacités de formation pour répondre aux besoins démographiques, estime Laurent Dissard. Cette année encore, notre pays va former plus de 60% de médecins spécialistes et moins de 40% de généralistes.»
(1) Quatre-vingt-neuf étudiants du Service de santé des armées (SSA) vont également choisir une spécialité parmi des postes d’internat qui leur sont réservés.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature