A LA NAISSANCE, les cellules du système immunitaire - et en particulier les lymphocytes T CD4+, maillon essentiel de la réponse immunitaire - s'engagent dans une voie de différenciation qui leur permet, à terme, de lutter efficacement contre tous les types d'infections et en particulier d'agir dans la défense contre les allergies. Les lymphocytes T CD4+ sont classés en deux sous-groupes en fonction de leurs propriétés : les lymphocytes Th1 s'attaquent spécifiquement aux pathogènes intracellulaires et aux infections virales, tandis que les lymphocytes Th2 luttent prioritairement contre les parasites et sont aussi impliqués dans les allergies. Si, jusqu'à présent, on savait bien que les réponses immunitaires du nouveau-né sont essentiellement du type Th2, ce qui explique la sensibilité particulière des nourrissons à certaines infections, les mécanismes qui entraient ??? cette orientation spécifique et différente de celle des adultes demeuraient inconnus.
Des chercheurs d'une équipe mixte Institut Pasteur-Inserm (unité de biologie des régulations immunitaires, équipe Inserm 352) ont découvert, chez la souris, que les lymphocytes T du nouveau-né sont parfaitement capables de se différencier en lymphocytes Th1 et d'apprendre ainsi à reconnaître et à combattre les pathogènes. En réalité, c'est l'environnement cellulaire, et plus particulièrement les lymphocytes B dits CD5+, en liaison avec les cellules dendritiques - essentielles pour stimuler les réponses immunitaires -, qui bloque la voie de différenciation Th1 et favorise la voie Th2. L'étude, présentée dans la revue « Immunity », a établi que les cellules dendritiques de souriceaux nouveau-nés placés dans un environnement favorable engagent les cellules T dans la voie Th1. Les chercheurs ont aussi induit in vitro l'activation des cellules dendritiques permettant ainsi une différenciation Th1 des cellules T. Enfin, ils ont établi que cette stimulation pouvait être inhibée chez le nouveau-né par un fort taux de production d'interleukine 10, un anti-inflammatoire naturel produit par les lymphocytes B de type CD5+. Pour les auteurs, « ces données pourraient conduire à terme au développement de vaccins spécifiquement adaptés à la protection des nouveau-nés ».
« Immunity », 17 avril 2005.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature