Les épidémies d’hépatite A sont peu fréquentes en France et d’autant plus celles qui sont d’origine alimentaire. Pourtant, la dernière en date n’est pas si lointaine : elle est survenue en France entre novembre 2009 et février 2010 et a été déclenchée par la consommation de tomates semi séchées présentes dans des sandwichs ou salades, comme le souligne une étude publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) ce mardi.
En moyenne, on recense 1 275 cas d’hépatite A par an en France, soit 2 cas pour 100 000 habitants. La transmission la plus courante est oro-fécale par contamination de personne à personne, à partir d’un sujet infecté. Ainsi, logiquement, « les deux grandes expositions à risque sont la présence d’autres cas d’hépatite A dans l’entourage et un séjour hors métropole » indiquent les auteurs de l’article publié dans le BEH.
Cependant, les sujets infectés lors de l’épidémie 2009-2010 n’ont pas du tout ce profil d’exposition. Durant cette période, 59 cas – dont 12 cas secondaires- ont été déclarés dans 19 départements, avec deux grands foyers identifiés dans les Hautes-Pyrénées (15 cas) et dans le Lot (16 cas).
Tomates de Turquie
Après une enquête épidémiologique menée sur les sujets infectés et comparés à des cas témoins, la source principale de contamination a pu être déterminée : il s’agit de la consommation de tomates semi-séchées importées surgelées de Turquie et transformées en France. Les personnes infectées en premier l’ont été par l’ingestion de sandwichs ou salades contenant ces tomates séchées et vendus dans les sandwicheries. Ensuite des cas secondaires sont apparus, par transmission de personne à personne, puis, sans doute, par transmission communautaire interhumaine au sein des foyers initiaux d’hépatite. « La contamination des tomates semi-séchées a très probablement eu lieu en Turquie, en raison du type de souche identifiée et de l’endémicité du VHA plus importante dans ce pays » extrapolent les auteurs. La contamination fécale peut avoir lieu sur les aliments crus et le virus reste infectieux même après congélation. D’ailleurs, des produits frais congelés tels que des oignons verts, des framboises, des fraises ont déjà été associés à des épidémies d’hépatite A. Cette analyse ne pousse pas pour autant à déconseiller la consommation de tomates semi-séchées, devenue à la mode en France ces dernières années. « Les épidémies liées à ce produit restent très rares » indiquent les auteurs concluant que leur consommation devrait néanmoins être recherchée lors de l’investigation d’une épidémie d’hépatite A.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature