Malgré la crise, l’école et la santé restent en tête des préoccupations des Français. Ils craignent que leurs enfants soient exposés à l’alcool, la drogue et la violence à l’école (2). 9 Français sur 10 se sentent dépassés et ont besoin d’aide, mais 7 sur 10 se méfient de leurs interlocuteurs (3). C’est l’illustration de ce phénomène social que nous observons dans nos consultations de psychiatrie. En effet, lorsqu’un enfant est en souffrance, les familles qui nous consultent sont à la fois désespérées par l’état de leur enfant et par leur solitude, face à l’absence de réponse satisfaisante voire au silence institutionnel. Nous, psychiatres, essayons d’agir à notre niveau. Commencer par déculpabiliser les familles est une étape nécessaire à l’apaisement, avant de chercher avec elles des solutions médicales et scolaires.
Plus de santé à l’école
C’est tout récemment que le mot « souffrance » s’est imposé dans le lexique des autorités de l’éducation nationale. Sans doute, une conséquence de l’étude de l’UNICEF (4) sur la santé psychique de nos enfants. L’école est le lieu où ils grandissent, s’y construisent et y acquièrent une maturité : toutes les étapes doivent être considérées à leur juste mesure, c’est-à-dire avec bienveillance, vigilance et gravité. Ce lieu de vie en collectivité doit être celui du repérage des troubles. Aujourd’hui, les enseignants sont nombreux à déplorer le manque de formation initiale dans le domaine de la santé des jeunes et notamment en santé mentale. Ils se sentent démunis face à des élèves particuliers. Le rôle du médecin scolaire est évidemment central dans ce dispositif, il permet aux parents de mieux se repérer dans l’institution scolaire. Mais comment compter encore sur eux lorsque leur nombre se réduit comme peau de chagrin ? La santé disparaît progressivement de l’école alors même que nos enfants ne se portent pas bien.
Développer du concept d’élève à besoin éducatif particulier
Si les modèles scolaires scandinaves sont ceux qui produisent le moins d’inégalités, c’est sûrement dû aux méthodes d’apprentissage et à l’environnement, mais sans aucun doute aussi au traitement individualisé de chaque élève selon ses particularités. L’élève est vu dans son entièreté et avec ses spécificités. Ainsi, s’il est en difficulté, c’est par des concertations collégiales transdisciplinaires qu’on envisage les voies de sortie. En France, des dispositifs existent, mais ils sont peu connus, ils ne sont pas systématiquement proposés par l’établissement et ont donc du mal à se développer. C’est depuis les années 2000, et sous la pression des parents, que l’on peut noter quelques avancées. Certes la situation n’est encore optimale, mais elle permet d’alléger des souffrances. Les places restent rares, le manque d’information et le parcours du combattant poussent aujourd’hui les parents à se constituer en associations pour prendre les choses en main. En France, de nombreuses initiatives éparses se substituent aux institutions pour sauver les familles en détresse.
(1) Dolto Françoise. La Cause des enfants.
(2) SOFRES 2012. Baromètre des préoccupations des Français
(3) CSA 2013. Qu’est-ce qui préoccupe les Français ?
(4) UNICEF 2014. Consultation nationale. Écoutons ce que nos enfants ont à nous dire
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