SON AMI Frédéric Mistral disait de lui : « Nul mieux que [Guigou] n'a su rendre le charme lumineux de notre belle contrée, l'âpre poésie de son sol rocailleux et poudreux. Il n'occupe pas, dans le monde des arts, la place à laquelle il a droit. Mais cela viendra. ». La prédiction du poète ne s'est pas entièrement réalisée : même si Guigou fut redécouvert vers 1900, même si son travail fit l'objet d'une rétrospective au musée du Luxembourg en 1927 et même si sa célèbre « Lavandière » fut acquise par le musée d'Orsay, le peintre provençal, mort prématurément à 37 ans, tomba rapidement dans l'oubli.
Paul Guigou quitta sa région natale, le Vaucluse, pour venir travailler à Paris, mais il ne cessa jamais d'effectuer des allers et retours entre la capitale et Marseille et, chaque été, il retourna peindre en Provence. A Paris, il fut admis au salon et fréquenta le café Guerbois où se réunissaient au milieu des années 1860 les artistes fondateurs des grands principes de l'impressionnisme (Renoir, Monet, Degas, Pissarro...).
Il arrive à Guigou de peindre les paysages de la région parisienne, mais c'est dans cette Provence solaire, objet de la majeure partie de son œuvre, qu'éclate son talent. De Martigues à Cassis, de la Canebière aux allées de Meilhan, du château de Lourmarin à la place de Saint-Paul-lès-Durance, Guigou exalte sur sa toile ce terroir tant aimé. Il choisit des sujets simples et rend hommage aux traditions locales, aux corps de métier, aux labeurs quotidiens de la paysannerie.
Des puits de lumière.
Deux superbes toiles se distinguent ici : « La Porteiris » et la célèbre « Lavandière », dans lesquelles la femme, fidèle à ses tâches, est magnifiée. Guigou restitue les accents de la nature dans sa dureté et son aridité, ou dans sa fraîcheur, ou encore dans son austère grandeur, de l'arrière-pays jusqu'aux littorals : sécheresse des garrigues du Luberon écrasées de soleil, rivières taries, rochers d'un blanc lumineux et immaculé, plateaux dénudés de la Crau, montagnes désertiques, cyprès et oliviers... On s'arrêtera avec bonheur devant les grands paysages panoramiques au bord de la Durance ou les vues de l'Estaque et de la rade de Marseille.
Guigou, qui peignait en plein air mais retravaillait ses œuvres en atelier, déversait des puits de lumière sur ses toiles. Chez lui, en effet, c'est la lumière qui dessinait souvent les contours des formes. La palette du peintre était éblouissante, le geste franc. Au moyen de coups de pinceaux vigoureux et d'empâtements, Guigou donnait une âme à cette Provence, « pays des tons bleus et des couleurs rares ».
Paul Guigou. Musée Marmottan-Monet. 2, rue Louis-Boilly, Paris 16e. Tél. 01.44.96.50.39. Jusqu'au 26 juin. Catalogue de l'exposition : 210 p. Coédition Musées de Marseille-Musée Marmottan Monet, Editions Jeanne Laffitte 2004. 33,50 euros.
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