JOURNEES FRANCOPHONES DE PATHOLOGIE DIGESTIVE
Paris- 2-6 avril 2005
LA CAPSULE ENDOSCOPIQUE mesure 27 mm sur 11 mm. Elle comprend une caméra, sa batterie, un émetteur et délivre deux images/seconde. Son autonomie est de 8 heures. L'examen se pratique en ambulatoire. Le patient à jeun avale la capsule qui progresse dans le tube digestif et émet des images transmises à un enregistreur porté à la ceinture grâce à des capteurs situés sur l'abdomen. Au cours des 8 heures d'enregistrement, la capsule permet d'explorer la totalité de l'intestin grêle à la recherche d'une lésion responsable des saignements.
L'entéroscopie poussée est une alternative qui ne permet qu'une exploration incomplète de l'intestin grêle. Elle nécessite une hospitalisation et se pratique sous anesthésie générale.
La place de la capsule endoscopique.
L'étude présentée ici porte non seulement sur la rentabilité diagnostique de la technique, mais aussi sur la place de cette nouvelle technique dans le diagnostic de saignements occultes.
Cette étude prospective randomisée a comparé deux stratégies diagnostiques. Elle a porté sur deux groupes de 39 patients présentant des saignements digestifs : le premier a été exploré par capsule endoscopique et le deuxième par entéroscopie poussée. Lorsque l'examen initial était normal, l'examen alterne était réalisé soit respectivement par entéroscopie poussée, soit par capsule endoscopique. Chez les patients dont l'examen dépistait une lésion, un geste thérapeutique était pratiqué lorsque c'était nécessaire.
Dans le groupe qui a été exploré en premier lieu par la capsule, la lésion responsable des saignements a été identifiée dans 49 % des cas alors que, dans le groupe soumis à l'entéroscopie poussée, seuls 26 % des diagnostics ont été portés. La rentabilité diagnostique de la capsule est donc presque deux fois celle de l'entéroscopie poussée.
Lorsque l'examen avec la capsule était normal, aucune lésion n'a été retrouvée au niveau de l'intestin grêle soit à l'entéroscopie, soit lors du suivi. La valeur prédictive négative de la capsule pour le grêle était de 100 %, alors que pour l'entéroscopie poussée la valeur prédictive négative était de 59 %.
Un examen normal avec la capsule permet donc d'exclure une lésion du grêle responsable de saignements et d'éviter des examens plus invasifs.
Un autre résultat intéressant est l'impact thérapeutique supérieur de la capsule sur l'entéroscopie poussée en première intention. Lorsque la capsule est donnée en premier lieu, elle entraîne un traitement chez 41 % des patients alors que l'entéroscopie en première intention ne permet un traitement que chez 20 % des patients.
Une technique non invasive et fiable.
La capsule endoscopique est donc validée pour des saignements inexpliqués. Les autres indications potentielles sont la suspicion de maladie de Crohn du grêle, la maladie cœliaque compliquée et le dépistage des adénomes du grêle dans le cadre d'une polyadénomatose familiale, ainsi que la surveillance des greffons du grêle.
Les contre-indications sont les sténoses du grêle qui doivent être documentées par une exploration radiologique en cas de doute avant l'utilisation de la capsule endoscopique.
Les avantages de la capsule endoscopique sont nombreux : c'est une technique non invasive, pratiquée en ambulatoire, très bien tolérée par le patient et dont la morbidité est pratiquement nulle si les contre-indications sont respectées. Elle permet une exploration complète de l'intestin grêle avec une rentabilité diagnostique très supérieure à celle de l'entéroscopie poussée. Cette dernière, pratiquée sous anesthésie générale nécessite une hospitalisation, ne permet qu'une exploration incomplète du grêle et est invasive. En revanche, elle permet un geste thérapeutique et une biopsie, ce qui n'est pas le cas de la capsule endoscopique.
Néanmoins, la capsule endoscopique doit être recommandée en première intention dès que la nomenclature aura codifié son prix.
D'après un entretien avec le Dr Antoine de Leusse, Villeurbanne.
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