Une étude comparative de procédés chirurgicaux

La résection du cancer colique par laparoscopie est sûre

Publié le 15/05/2005
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DANS le cancer colo-rectal, le pilier du traitement demeure l'excision adéquate de la tumeur primitive.
La résection colo-rectale curative, qui est utilisée depuis plus de dix ans, peut maintenant être réalisée par laparoscopie. On connaît les avantages éprouvés par les patients par rapport au traitement standard : récupération plus rapide, réduction des complications, diminution du séjour à l'hôpital.
Jusque-là, les préoccupations oncologiques ont limité l'usage de la chirurgie mini-invasive chez les patients souffrant de tumeurs malignes.
Le Medical Research Council (MRC) du Royaume-Uni a entrepris une étude pour comparer la chirurgie réalisée sur le mode conventionnel « à ciel ouvert » au mode assisté par laparoscopie.
L'étude Clasicc (Conventional versus Laparoscopic-Assisted Surgery in Colorectal Cancer) a été conçue sur le mode « pragmatique » ; elle s'appuie sur les critères d'évaluation clinique standards : les intervalles de survie totale et de survie sans récidive. Une analyse anatomopathologique détaillée a été réalisée sur tous les tissus réséqués.
« Nous avons utilisé ces critères d'évaluation à court terme en tant que marqueurs de substitution pour avoir une notion prédictive de l'évolution à long terme. »

L'analyse des marges de résection.
Entre 1996 et 2002, 737 patients souffrant de cancer colo-rectal ont été inclus. Ils ont été traités au hasard par chirurgie laparoscopique (n = 484) ou ouverte (n = 253). L'évaluation à court terme a reposé sur l'analyse des marges de résection (positives ou négatives) et sur la proportion de tumeurs Duke stade C2 (c'est-à-dire celles dont l'histologie révèle qu'elles traversent la paroi digestive et qu'elles sont assorties de métastases ganglionnaires).
Les résultats montrent un taux de conversion de 29 % (143 patients convertis de la laparoscopie à la chirurgie ouverte).
La proportion des tumeurs Duke stade C2 n'est pas significativement différente d'un groupe à l'autre : 18 (7 %) versus 34 (6 %). Il en est de même pour la mortalité immédiate : 13 (5 %) versus 21 (4 %). Les taux de marges positives sont identiques dans les deux groupes, sauf dans le groupe des patients ayant une résection antérieure pour cancer rectal. Dans le cancer du rectum, les excisions mésorectales totales sont plus fréquentes dans le groupe sous laparoscopie.
Les taux de complications sont plus élevés chez les patients qui ont été convertis d'un mode de chirurgie à l'autre.
Les résultats de Clasicc s'ajoutent à ceux de trois autres études randomisées qui ont comparé les techniques. Les résultats convergent et montrent une augmentation de la durée d'intervention, une réduction des pertes sanguines peropératoires, une reprise plus rapide du transit, un usage réduit des antalgiques et des narcotiques et une hospitalisation moins longue. A côté de cela, les taux de conversion sont similaires.

Sûre sur le plan oncologique.
« Nos résultats à court terme sont cohérents avec ceux des études antérieures qui montrent, pour le cancer du côlon, que la procédure laparoscopique est sûre sur le plan oncologique, que les taux de récurrence locale ne seront pas plus élevés qu'avec la chirurgie ouverte et que la survie cancérologique ne sera pas plus courte. »
C'est la première étude de la sorte qui s'intéresse au cancer du rectum. Les taux de conversion sont plus élevés, et dans ce groupe, on note la fréquence des complications et une mortalité plus fréquente. Quoi qu'il en soit, on ne peut tirer de conclusions des résultats de cette seule étude pour le cancer rectal.

« The Lancet », vol. 365, 14 mai 2005, pp. 1718-1726 et commentaires pp. 1666-1668.

> Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7749