Pierre Restany et le nouveau réalisme

La révolution bleue

Publié le 14/04/2005
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> Antiquités

C'EST LE 27 OCTOBRE 1960 qu'un petit groupe d'artistes réunis chez Yves Klein constatent dans une déclaration leur « singularité collective ». Sous la houlette d'un jeune écrivain et critique d'art, Pierre Restany, qui baptise le mouvement et le définit comme « une nouvelle approche perceptive du réel », ou, plus exactement, « de nouvelles approches » ; une manière de représenter l'objet en rupture complète avec celle de la nature morte traditionnelle. Chacun à sa manière : il y a les accumulations et les découpages d'Arman, les compressions de César, les emballages de Christo, les lacérations de Villéglé et la manière d'Yves Klein de la momifier dans la peinture.
C'est aussi à Pierre Restany que sont dédiés les 41 premiers numéros de cette vente, ponctuée des « Treize épigrammes et un rappel » de 1986, par lesquels l'écrivain définit, en termes surréalistes, les pionniers de l'aventure et lui-même.
Il y célèbre « les Seize Arts » de César, « la Tripe picturale » d'Arman, « l'Excavatrice d'espaces » de Tinguely, les décollages de Villéglé et la « Révolution bleue » de Klein, qui domine l'ensemble. C'est même lui qui possédait la pièce la plus emblématique de l'ensemble, le fameux « Portrait relief de Martial Raysse », moulé en 1962 sur le corps nu du modèle en résine teintée d'outremer, et collé sur un fond d'or. L'œuvre, numérotée 3/6, est estimée 150 000/200 000 euros. On attend 75 000/80 000 euros d'une des fameuses « Eponge bleue » réalisées par Klein au cours de cette même période, et jusqu'à 250 000/300 000 euros des quatre empreintes du même bleu, marouflées sur toile, qui composent « ANT 142 » (pour anthropométrie) réalisé aussi en 1962.
Parmi les œuvres les plus remarquées de la vente figure le célèbre « Pouce » de bronze de César, dans une version réduite de 45 cm, numéroté 3/6 et crédité de 50 000/60 000 euros. Un collage de Christo, signé en 1975, vaut 40 000/45 000 euros et les affiches lacérées de Hains, Dufrêne ou Rotella cotent entre 10 000 et 40 000 euros. Niki de Saint-Phalle figure en bonne place avec un curieux bouquet d'objets blancs estimé 30 000/40 000 euros et une classique « Nana » jaune, graffitée de noir, à 60 000/80 000 euros.
Arman ouvre la vente avec une inclusion de tubes de peinture estimée 15 000/18 000 euros, mais on le retrouve dans la dernière partie de la vente avec un « Eros inside Eros » découpé en tranches, de 1986, estimé 35 000/40 000 euros. Comme on retrouve le bleu de Klein sur un beau portrait de Caroline de Monaco, à l'encre sérigraphique, pièce unique d'Andy Warhol, datée de 1983 dont on attend 32 000/35 000 euros.

Mardi 19 avril, 20 h, Drouot Montaigne, SVV Cornette de Saint-Cyr.

> FRANÇOISE DEFLASSIEUX

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7730