LE CRU 2005 a été exceptionnel. La collecte enregistrée par l’ensemble des associations a progressé de 20 % par rapport à 2004, avec un montant total de 2,5 milliards d’euros (500 millions en espèces ou par SMS et plus de 2 milliards, par virement, chèque, ou en ligne). Ces 20 % procèdent surtout de l’effet tsunami : 14 % au titre des seuls dons en faveur des victimes de l’Asie, un Français sur dix ayant donné pour la première fois à cette occasion. Pour les 6 % de progression enregistrés hors tsunami, l’enquête du Cerphi sur la générosité des Français (onzième édition) constate d’importantes disparités selon les secteurs ; c’est celui de la santé (hors Téléthon) qui semble avoir le moins profité de la hausse, avec + 4 %, la moitié du score qu’il avait réalisé en 2004, année où il était déjà loin derrière le domaine social, l’aide internationale et l’environnement.
L’an dernier, la santé aura manifestement pâti des circonstances et du très fort impact des images de l’Asie. Il est possible, interprète le Cerphi, que nombre de donateurs aient arbitré, plus encore que les années précédentes, en faveur de l’urgence, qu’elle soit sociale ou liée à une catastrophe.
Pour la santé, le don moyen a été de 47 euros, tandis qu’il a atteint 75 euros pour la collecte du Téléthon qui, à elle seule se maintient aux environs de 5 % du montant total collecté, tous secteurs confondus. Il reste que, si l’on excepte le Téléthon, le secteur santé cumule la plus faible évolution de la générosité des Français et le don moyen le plus bas, la moyenne atteignant 85 euros pour le domaine social, 65 euros pour la solidarité internationale et 50 euros pour le secteur environnemental.
La fiscalité ralentisseur de la générosité.
Le rapport confirme l’existence d’une « diagonale de la générosité », qui barre la France du sud-ouest, et notamment des Pyrénées-Atlantiques, au nord-est, en Alsace, avec une bonne performance enregistrée en Bretagne et en Ile-de-France, ainsi que dans des départements ruraux modestes (Lozère, Doubs, Ardèche, Savoie, Hautes-Alpes, Jura, Tarn, Lot et Cantal).
Enfin, cette année encore, le Cerphi dénonce le système législatif d’incitation fiscal, l’un des plus favorables au monde, mais qu’il qualifie d’ «injuste, complexe, instable et inefficace»: doublement injuste, il discrimine en effet les associations selon qu’elles fournissent aux personnes en difficulté repas, hébergement et soins (60 % d’exonération fiscale) ou bien alphabétisation et éducation (seulement 50 %) ; il entretient une inégalité entre donateurs : seuls ceux qui sont assujettis au paiement de l’impôt peuvent bénéficier des avantages de la réduction. Ce sont ainsi 800 000 foyers qui ne voient pas leur geste reconnu, ni encouragé par l’Etat.
En quinze ans de fonctionnement, ce dispositif aura entraîné une hausse de 900 millions en termes de réductions d’impôts ; dans le même temps, les donateurs n’ont réellement déboursé en plus que 163 millions. De ce point de vue, l’objectif de mobiliser les donateurs en les incitant à faire un effort comparable à celui de l’Etat n’est pas atteint. C’est comme si le public avait focalisé son attention sur un simple effet d’aubaine fiscale. Le rapport du Cerphi souligne que les associations ont mis en avant le montant d’exonération attaché à un don : si vous effectuez un don de 15 euros, expliquent beaucoup d’entre elles, il ne vous en coûtera que 6 euros, puisque vous bénéficiez d’une réduction correspondant à 60 % du montant de votre don. La fiscalité agit dès lors comme un ralentisseur de la générosité, à l’opposé du but recherché par le législateur.
Rapport sur www.cerphi.org.
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