LES CHRONOBIOLOGISTES qui dénoncent l’instauration de la semaine de quatre jours à l’école primaire peuvent se réjouir : une mission parlementaire vient de leur donner raison, noir sur blanc. Cette semaine de quatre jours « choisie par les seuls adultes » mérite d’être interdite afin de donner un « signal fort de prise en compte de l’intérêt de l’enfant », écrivent les membres de la mission présidée par Michèle Tabarot (UMP)*. Une nouvelle qui réjouit également la première fédération de parents d’élèves du public, la FCPE. En 2008, suite à la réforme de l’ancien ministre Xavier Darcos qui supprimait l’école le samedi matin, 95 % des écoles avaient choisi d’aménager la semaine sur quatre jours.
Avec six heures de cours par jour et 144 jours de classe, les élèves français ont les horaires quotidiens les plus lourds d’Europe. L’objectif proposé par la mission serait de « réduire la durée de la journée » en fixant un « plafond quotidien horaire », lequel devrait dépendre de l’âge des enfants. Faire travailler de la même façon les élèves de 3 à 11 ans constitueen effet « une absurdité ». En revanche, la mission ne tranche pas entre quatre jours et demi ou cinq jours, ni entre le mercredi ou le retour au samedi matin.
Dans un rapport sur l’aménagement du temps scolaire et la santé de l’enfant, l’Académie de médecine critiquait également cette semaine écourtée qui avait pour effet de désynchroniser les enfants en début de semaine (« le Quotidien » du 28 janvier). Cette désynchronisation se matérialise par des troubles atypiques, tels que la fatigue, la mauvaise qualité du sommeil et de l’appétit, des troubles de la concentration et des performances moindres, indiquaient le chronobiologiste Yvan Touitou et le pédiatre Pierre Bégué en préconisant une année scolaire de 180 à 200 jours.
Maltraitance.
Une expertise collective de l’INSERM, menée en 2001, soulignait également que les variations hebdomadaires de l’activité intellectuelle sont, à la différence des variations journalières, davantage le reflet de l’aménagement du temps scolaire que d’une « rythmicité endogène propre à l’élève ». Face aux programmes chargés, la journée scolaire est particulièrement épuisante, « anxiogène et démotivante » pour les enfants vulnérables, en échec et en désamour de l’école, note Hubert Montagner. Le chronobiologiste n’hésite pas à parler d’« une nouvelle forme de maltraitance ».
Concernant l’organisation de la journée, les parlementaires suggèrent la mise en place d’une heure d’étude surveillée pour tous les élèves, « sans sacrifier pour autant l’aide personnalisée » qui devrait être « intégrée dans le temps de la classe », ce qui favoriserait « une pédagogie réellement différenciée ». En matière de calendrier scolaire (du primaire au lycée), ils soulignent l’importance du « respect de l’alternance entre sept semaines de classe et deux semaines de vacances prévues par le législateur », ce qui impliquerait d’allonger les vacances de Toussaint et de « réorganiser le troisième trimestre ». Selon eux, « les vacances d’été devraient être raccourcies de deux ou trois semaines ». Le retentissement de ces mesures sur le tourisme « pourra être compensé par la définition d’un nouveau zonage, en deux zones », contre trois aujourd’hui. Voté à l’unanimité, le rapport sera présenté mercredi aux députés, dans le cadre de la Conférence nationale sur les rythmes scolaires qui doit aboutir à des arbitrages en juin 2 011. Un premier rapport d’étape est prévu en janvier.
*Rapport d’information disponible sur assemblee-nationale.fr.
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