Chez les moins de 40 ans, l'origine de la dysfonction érectile est le plus souvent à rechercher sur le versant anxiété ou troubles relationnels mais après cet âge, elle a une composante organique, principalement vasculaire, chez 50 à 80 % des patients. L'athérosclérose constitue la première cause de DE organique. Elle doit faire rechercher la présence des principaux facteurs de risque cardio-vasculaires (FRCV).
De nombreuses études confirment ce lien étroit entre dysfonction érectile, facteurs de risque cardio-vasculaires et atteinte cardiovasculaire qui fait aujourd'hui de la DE un marqueur prédictif majeur et précoce de la maladie cardiovasculaire et ce, principalement chez le patient diabétique. 25 % des patients ayant une DE développeront une coronaropathie dans les 10 ans, et selon une étude récente, la moitié des hommes de 45 à 55 ans ayant une insuffisance érectile avec atteinte vasculaire pénienne authentifiée au pharmaco-échodoppler pénien (PEDP) ont un risque d'IDM très élevé dans les 4 à 12 ans.
D'autres travaux ont montré que l'association d'une DE à un ou plusieurs des principaux FRCV après 45 ans expose dans 70 % des cas à un syndrome coronarien dans un délai de trois ans. L'artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI) est aussi présente chez environ 75 % de ces patients, sa fréquence étant proportionnelle à la sévérité de la DE.
La dysfonction endothéliale, mécanisme majeur de la DE de par son impact sur la relaxation des fibres musculaires lisses du tissu caverneux médiée par le NO, fait le lien étiologique entre DE et pathologies CV.
Une approche différente de la dysfonction érectile
« La DE doit être considérée comme le baromètre de la santé générale et en particulier cardio-vasculaire chez l'homme de plus de 40 ans à travers la présence de facteurs de risques classiques : tabac, diabète, cholestérol, HTA et sans doute aussi de l'alcool, de l'obésité, et du syndrome métabolique », explique le Dr Patrick Bouilly, médecin vasculaire et sexologue, (Cergy Pontoise-95).
La recherche de ces facteurs de risque après 40 ans doit être systématique au même titre que l'évaluation exhaustive de tous les autres paramètres érectiles, neurologiques, endocriniens, urologiques et psychologiques. Plus les FRCV sont nombreux, plus l'origine vasculo-tissulaire est probable, même si elle peut être influencée par d'autres facteurs génétiques, relationnels ou psychologiques.
Après avoir authentifié l'atteinte vasculaire pénienne par le PEDP, les patients devront bénéficier d'un bilan cardio-vasculaire approfondi à la recherche de lésions silencieuses pour une prise en charge encore plus précoce et plus efficace de la maladie athéromateuse principalement coronarienne.
Ne pas oublier le bilan hormonal
Le déficit androgénique lié à l'âge mériterait d'être plus souvent évalué : il aggraverait la dysfonction endothéliale et outre ses autres effets délétères sur la santé pourrait influencer négativement le risque cardio-vasculaire. "La recherche et l'évaluation de la DE devraient désormais concerner tous les praticiens prenant en charge la maladie cardio-vasculaire ou ses facteurs de risque" conclut le Dr Patrick Bouilly.
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