POUR LA PREMIÈRE fois depuis le début de l'épidémie (« le Quotidien » du 16 mai 2005), la préfecture du Rhône a présenté un bilan stationnaire. A cette date, aucun nouveau cas de légionellose ne s'est ajouté aux trente-quatre recensés, dont deux personnes déclarées en Isère et dans les Côtes-d'Armor. Parmi les trente-deux malades du Rhône, quatorze ont regagné leur domicile, onze sont encore hospitalisés et sept, soignés chez eux.
Le ministre de l'Ecologie et du Développement durable, Serge Lepeltier, s'est rendu à Lyon pour évaluer les actions de lutte engagées. A l'issue de la réunion qu'il a présidée à la préfecture, il a annoncé le premier résultat de l'enquête sanitaire : « La mise en culture des prélèvements a permis d'identifier la souche Legionella pneumophilia sérogroupe 1 chez un patient », a-t-il indiqué, en précisant qu'il s'agit de la souche clinique isolée « dans plus de 85 % des légionelloses. »
Soupçons.
Par ailleurs, les résultats d'analyses de quatre prélèvements effectués sur les tours aéroréfrigérantes de la zone à risque ont conduit les autorités à soupçonner trois d'entre elles, situées sur les communes de Villeurbanne et Vaulx-en-Velin, et où la présence de légionelles a été constatée. La préfecture reste extrêmement prudente. Elle précise que « des analyses complémentaires sont en cours pour identifier la souche et procéder à un dénombrement précis ».
Il existe en effet un seuil de tolérance établi à 1 000 unités formant colonies (UFC) de légionelle par litre d'eau, en dessous duquel aucune décontamination n'est imposée. Dans cette enquête, les trente-sept tours aéroréfrigérantes repérées sur la zone à risque ont été arrêtées et contrôlées, mais elles ne constituent pas les seules sources de contamination possibles.
Le système d'irrigation de la zone maraîchère, à cheval sur les communes de Caluire et Rilleux, susceptible d'avoir disséminé des légionelles, a fait l'objet de prélèvements et d'une décontamination. Toutes les autres mesures de précaution prises par la préfecture dans la zone à risque, telles que l'arrêt des stations de lavage de voitures ou la suspension de la brumisation des produits frais en magasin, restent donc d'actualité.
Priorité.
Les contrôles se sont même intensifiés avec l'organisation d'une surveillance aérienne, afin de vérifier que l'interdiction de fonctionner opposée aux tours aéroréfrigérantes était correctement appliquée et de recenser les tours non déclarées. A l'occasion de son déplacement à Lyon, le ministre de l'Ecologie a rappelé que, depuis le 1er mai 2005, ces tours devaient être déclarées auprès des directions régionales de l'Industrie, de la Recherche et de l'Environnement (Drire). Cette obligation entre désormais dans le cadre du Plan gouvernemental d'action contre la légionellose, élaboré conjointement avec le ministre en charge de la Santé, à la fin de 2004 : l'objectif est de diminuer par deux le nombre de cas de légionellose d'ici à 2008. « C'est une priorité pour mon ministère », a affirmé Serge Lepeltier. « D'ici fin mai, a-t-il ajouté, les préfectures seront d'ailleurs toutes destinataires d'une circulaire sur la gestion des épidémies. » Dans l'attente des prochains résultats qui permettront d'identifier la ou les sources de contamination, et de vérifier que l'épidémie amorce bien sa phase décroissante, la cellule de crise reste donc en place et les services médicaux, comme les médecins libéraux impliqués, demeurent fortement mobilisés.
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