LA DEPRESSION caractérisée définie objectivement selon les critères du DSM-IV concerne 350 millions d’individus dans le monde, dont 19 millions aux Etas-Unis. C’est une maladie de longue durée (33 % des patients ont des épisodes dépressifs qui durent plus de deux ans), à caractère récurrent dans environ 85 % des cas. «Elle entraîne une morbidité équivalente à celle des coronaropathies, de l’hypertension artérielle et une mortalité par suicide importante qui atteint 15% chez des patients hospitalisés pour des formes sévères de dépression majeure», a précisé le Pr Martin B. Keller (Etats-Unis).
Les traitements antidépresseurs prescrits à doses thérapeutiques sont efficaces dans 60 à 80 % des dépressions. Ils permettent d’obtenir une amélioration des symptômes, une réduction de 50 % du score initial de l’échelle de dépression de l’échelle de Hamilton (HAMD-17) chez la plupart des patients.
«Aujourd’hui, l’objectif du traitement d’attaque n’est plus d’obtenir une réponse, c’est-à-dire une diminution des symptômes, mais une rémission (HAMD<7) », a rappelé le Pr Philip Ninan (vice-président Neuroscience Wyeth Pharmaceutical). Cependant, des questions se posent sur la durée du traitement d’entretien, en raison du risque élevé de rechutes des épisodes dépressifs, même après avoir obtenu une rémission.
PREVENT (Prevention of Recurrent Episodes of Depression with VENlafaxine ER for Two years) est la première étude, menée à long terme, pour évaluer l’efficacité d’un inhibiteur de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline, la venlafaxine (Effexor, Laboratoire Wyeth) en prévention des récidives dépressives chez des patients atteints d’une dépression unipolaire sévère.
Au total, 1 096 patients (65 % de femmes), âgés en moyenne de 40 ans, déjà traités pour dépression sévère, ayant déjà présenté au moins deux épisodes dépressifs sévères au cours des cinq dernières années, ont été inclus dans l’étude. Ils ont été répartis de façon aléatoire afin d’être traités, soit par venlafaxine, soit par fluoxétine, un antidépresseur non imipraminique, non Imao.
Après dix semaines de traitement d’attaque à la posologie de 75 à 300 mg/j pour la venlafaxine et de 20 à 60 mg/j pour la fluoxétine, 60 % des patients étaient en rémission dans chacun des deux groupes.
Chez ces patients, le traitement a été poursuivi à la même posologie pendant vingt-six semaines.
Au terme de cette période, ceux qui restaient de bons répondeurs (258 dans le groupe venlafaxine et 79 dans le groupe fluoxétine) recevaient un traitement d’entretien à la même posologie pendant deux périodes consécutives de douze mois.
Au début de cette phase d’entretien, les patients du groupe venlafaxine ont été randomisés pour recevoir soit la venlafaxine, soit un placebo. Au terme de douze mois et après évaluation des traitements, les bons répondeurs étaient de nouveau randomisés pour recevoir pendant douze mois soit la venlafaxine, soit un placebo.
La rechute dépressive était évaluée par le score HAMD dépression : score total ≥ 12 ou amélioré de moins de 50 % par rapport au score initial au cours de deux consultations successives.
L’analyse des résultats au terme des deux périodes consécutives de douze mois montre que les patients traités au long cours par la venlafaxine ont eu moins de nouveaux épisodes dépressifs que les patients sous placebo.
Au cours de la première période, le risque de récidive a été de 23 % chez les 164 patients traités par venlafaxine contre 42 % chez les 172 patients du groupe placebo (p = 0,005).
La différence était encore plus prononcée à la fin de la seconde période avec 8 % de probabilité de rechute chez les 43 patients traités par venlafaxine contre 44,8 % chez les 40 patients sous placebo (p < 0,001).
Les patients du groupe fluoxétine n’ont pas été randomisés une seconde fois, ce qui interdit de comparer les deux médicaments en termes de prévention des récidives.
D’après une conférence de presse organisée par le Laboratoire Wyeth et présidée par le Pr Philip Ninan (vice-président Neuroscience Wyeth Pharmaceuticals), avec la participation des Pr Martin B. Keller (Etat-Unis) et Hans-Jürgen Möller (Allemagne).
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