Après avoir interdit, en avril dernier, l’usage chez les enfants de moins de deux ans, des mucolytiques, des mucofluidifiants et de l’Hélicidine, en raison du risque de majoration de l’encombrement bronchique, l’Afssaps s’attaque désormais aux sirops anti-histaminiques de première génération et au fenspiride. À partir de mars 2011, ces médicaments seront contre-indiqués chez les moins de 2 ans, le risque potentiel d’effets secondaires « rares mais parfois graves » l’ayant emporté sur une efficacité « mal documentée ». Les suppositoires à base de dérivés terpéniques sont également sur la sellette et pourraient être bientôt contre- indiqués en dessous de 30 mois comme le sont déjà les médicaments terpéniques appliqués par voie cutanée et par voie nasale. « Au total, plus d’une trentaine de spécialités devraient être concernées » indique Jean Marimbert, Directeur général de l’Afssaps .
Les antitussifs à l’index
Dans ce contexte, l’Afssaps propose de nouvelles recommandations pour la prise en charge de la toux aiguë du nourrisson Elles préconisent notamment, de « ne pas prescrire d’antitussifs en cas de toux aiguë banale du nourrisson » et de recourir essentiellement aux mesures hygiéno-diététiques classiques (désobstruction nasale pluriquotidienne au sérum physiologique en cas d’encombrement nasal, éviction de l’exposition au tabac, hydratation régulière et limitation de la température à 19-20 °C dans la chambre).
Alors qu’actuellement, près de 4 millions de boîtes de médicaments contre la toux sont délivrées chaque année en France pour des enfants de moins de 24 mois, cette nouvelle donne risque de ne pas faire l’unanimité, laissant peu de marge de manœuvre aux praticiens face à un symptôme fréquent, fortement générateur de demande de soins. Déjà, lors de la contre indication des mucolytiques au printemps dernier, certains médecins avaient regretté une décision administrative bien loin de la pratique médicale quotidienne.
Consciente de ces difficultés l’Afssaps se veut rassurante et mise sur l’information du grand public pour faciliter l’acceptation de ces évolutions. « Compte tenu de la large utilisation de ces médicaments destinés à traiter la toux, il nous est apparu nécessaire de bien informer les parents » indique l’agence qui a élaboré plusieurs outils dans ce sens. Par ailleurs ces mesures ne seront volontairement effectives qu’après l’hiver pour laisser une période « d’acclimatation » aux médecins comme aux patients.
Pour autant, certains craignent un report des prescriptions, notamment vers les antibiotiques. Mais l’Afssaps reste optimiste. « Lorsque, en 2005, les immunostimulants ont été contre-indiqués, aucun report de prescription n’a été observé un an plus tard » souligne le Dr Anne Castot, chef du service de l’évaluation et de la surveillance du risque et de l’information sur le médicament à l’Afssaps.
Autre écueil potentiel, la banalisation du symptôme toux dans l’esprit des parents. Sur ce point, la vigilance est de mise pour le nourrisson de moins de trois mois, chez lequel « une toux banale peut rapidement évoluer vers des difficultés respiratoires » souligne le Dr Ralph Epaud, chef de service de pédiatrie du CHI de Créteil. Ainsi, l’Afssaps indique que si « il est indispensable d’expliquer aux parents que seules des mesures simples sont nécessaires pour la prise en charge de cette toux et que celle-ci peut durer 10 à 15 jours», il faut aussi « les informer sur les symptômes et signes qui doivent les inciter à consulter à nouveaux ». A savoir : persistance et aggravation de la toux, fatigue, fièvre d’apparition secondaire, changement de comportement du nourrisson, aggravation ou apparition d’une gêne respiratoire, vomissements répétés et surtout troubles alimentaires.
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