Une étude sur le RGO chez le sujet âgé

L’âge de 70 ans serait un facteur de sévérité

Publié le 11/09/2006
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REALISÉE en deux parties (questionnaire « patients » de deux pages, puis interview téléphonique des médecins traitants), l’étude RETROSA a permis de mieux connaître les patients âgés atteints de reflux gastro-oesophagien (RGO). Pour ce faire, 1 400 malades de plus de 70 ans ont été inclus.

Dans cet observatoire, l’âge moyen est de 78,3 ans (38 % de plus 80 ans et 7 % dépassant 90 ans). L’âge de 80 ans constitue un deuxième seuil puisque le taux de patients avec une maladie sévère non invalidante mettant en jeu le pronostic vital passe de 23 % avant ce seuil à 42 % après. La prévalence des signes typiques de RGO et de ses symptômes digestifs est respectivement de 79 et 73 %.

Dans plus de 80 % des cas, il s’agit de symptômes d’intensité modérée. Chez plus de un patient sur quatre (28 %), des manifestations extradigestives considérées comme secondaires au RGO sont retrouvées : douleurs thoraciques (12 %), toux chronique (9 %), manifestations ORL (laryngite 3 %, enrouement 9 %). Un quart des malades présentaient au moins un signe d’alarme : dysphagie (12 %), perte d’appétit (11 %), amaigrissement (6 %), altération de l’état général (5 %), anémie (3 %).

Déjà connu dans plus de deux tiers des cas.

Un malade sur deux prenait des médicaments pouvant interférer avec la gravité du RGO (antiangineux : 18 % ; benzodiazépines : 12 % ; inhibiteurs calciques : 17 % ; Ains-aspirine : 16 % ; anticoagulant : 8 %). Dans plus de deux tiers des cas, le RGO était déjà connu. Parmi ces patients, 57 % étaient traités et déjà explorés ; 32 % étaient traités sans avoir été explorés. Dans 9 % des cas, il n’y avait aucun traitement.

Pratiquement tous les médecins estiment que l’âge est un facteur de fragilisation et 73 % considèrent l’âge de 70 ans comme le seuil à partir duquel les personnes posent des problèmes particuliers.

Cinquante-huit pour cent des médecins estiment que le RGO chez le sujet âgé est différent de celui du sujet jeune ; le caractère moins net des symptômes étant l’élément le plus souvent cité comme différence. Enfin, 30 % des médecins considèrent le RGO du sujet âgé comme plus sévère ou aussi sévère (45 %) ; les manifestations respiratoires, surtout dans l’expérience des gériatres, sont plus fréquentes.

Les lésions d’oesophagite sont plus sévères.

En ce qui concerne les risques liés au RGO du sujet âgé, 70 % des médecins interrogés estiment que le RGO peut être source d’anémie et 80 % des gériatres versus 66 % des médecins généralistes estiment que les lésions d’oesophagite sont plus sévères chez le sujet âgé.

Dans 9 % des cas, une endoscopie a été demandée à l’issue de la consultation ; il s’agissait alors plutôt de primodiagnostic (14 % vs 7 % déjà diagnostiqués). Les raisons déclarées de cette exploration étaient : absence d’examen antérieur (43 %), crainte de lésion organique (42 %) et symptômes sévères (28 %). Les demandes d’endoscopie sont proportionnellement plus fréquentes quand existent plusieurs symptômes ou des signes d’alarme (respectivement 13 et 17 %), mais, même dans ce dernier cas, l’endoscopie n’est pas systématique.

Cela rejoint l’opinion de 84 % des médecins qui considèrent que l’endoscopie ne doit pas être systématique du seul fait de l’âge (interrogatoire téléphonique). Pour eux, l’indication de l’endoscopie est fonction de la sévérité des symptômes (70 % des médecins), de la comorbidité (67 %) et de la facilité de déplacement du malade (62 %). Seul un patient sur dix a été adressé à un spécialiste.

Cet observatoire montre que le RGO était pris en charge dans 84 % des cas. La prescription des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) augmente avec la gravité de l’état des malades, notamment chez ceux ayant une maladie générale invalidante mettant en jeu le pronostic vital. Plus de 20 % des médecins jugent que les IPP représentent un risque lorsqu’ils sont pris au long cours et 29 % estiment que la dose d’IPP doit être adaptée en fonction de l’âge. Le nombre moyen de médicaments pris par ces patients est de 3,85. Il augmente en fonction de l’âge : 3,63 à 70 ans contre 4,18 à partir de 80 ans. Dans deux cas sur trois, les médecins jugent que la prescription d’un IPP chez le sujet âgé expose à un risque d’interaction et 13 % estiment que ce risque existe quel que soit le type d’IPP.

Conférence de presse organisée par Janssen-Cilag.

> Dr BRIGITTE VALLOIS

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8006