" Le Dr Möbius, de Leipzig, spécialiste des maladies nerveuses, connu aussi comme écrivain, vient de faire paraître, chez l'éditeur Barth, un ouvrage en deux volumes où il met en lumière le rôle que, selon toute vraisemblance, l'alcool a joué dans la dégénérescence de la famille de Goethe.
Goethe épousa en 1788 Christiane Vulpius, fille d'un buveur avéré, mort d'alcoolisme. Elle-même, sans être précisément alcoolique, prenait plus de vin qu'il n'eût fallu, comme le prouvent plusieurs témoignages. Grimm écrivait, en 1809, au sujet de Goethe : " il buvait bien et sa femme encore mieux ". En tout cas, elle avait des attaques d'épilepsie dont elle mourut à cinquante-deux ans.
Les enfants de Goethe moururent tous en bas âge, sauf un, l'aîné, qui naquit en 1789; un fils mourut en naissant en 1791 ; une fille, née en 1793, ne vécut que quelques jours de même que les enfants suivants, nés en 1795 et 1802. Le seul enfant qui parvint à l'âge d'homme, Auguste Goethe, eut toute sa vie une maladie étrange dont il mourut à Rome en 1830. L'autopsie, entreprise par trois médecins de Rome est très caractéristique : le foie était hypertrophié, non rougeâtre, mais couleur de vin blanc, tellement durci qu'il grinçait sous le couteau ; la section était jaune aussi. Le coeur et le poumon ne présentaient rien d'extraordinaire, mais, dans les cavités du crâne, on trouva de grandes altérations : la peau du front était épaisse, gonflée de sang, surtout au dessus de la convexité. Le Dr Möbius attribua sa mort à une paralysie subite du coeur par suite d'alcoolisme.
Ce fils de Goethe eut lui même trois enfants souffreteux qui moururent et ainsi se termine la race.
Möbius conclut en faisant remarquer que la dégénérescence progressive qui aboutit à l'extinction complète. Le bisaïeul de Goethe eut onze enfants ; son grand-père, huit ; lui-même, cinq ; et son fils, trois, qui moururent sans postérité.
L'argumentation solide de cet ouvrage est intéressante et persuasive, mais combien il est attristant de voir s'éteindre aussi misérablement, par la faute de l'alcool, les descendants du plus grand génie de l'Allemagne ! "
(L'Alcool, juin 1906)
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