Théâtre

À l’américaine

Publié le 03/11/2010
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Crédit photo : DUNNARA MÉAS

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Crédit photo : DUNNARA MÉAS

LE PERSONNAGE est passionnant. Attachant. Et l’on comprend que Thierry Lhermitte, qui ne choisit au théâtre que des rôles difficiles, exigeants, ait voulu jouer Tobi. On ne connaît pas l’écrivain, américain, ici traduit par Lucie Tiberghien. Le niveau de langue est assez déplaisant, très grossier parfois et on n’imagine pas qu’un grand danseur devenu professeur à la Juilliard School puisse dire des choses comme il en dit…

L’histoire est classique. Il a été jeune, un très brillant danseur. Il n’a pu continuer et est devenu professeur. Mais toute sa vie a été consacrée à son art. Il est seul. Il tricote pour passer le temps. Il est vraisemblable et même vrai. On connaît beaucoup d’artistes comme lui.

Il a été jeune après-guerre, il a été jeune et ardent. Il a connu une époque où, comme il le dit, « tout le monde couchait avec tout le monde ». Il a eu une partenaire particulièrement séduisante. Elle a eu un enfant. Elle pensait qu’il était le père. Il était engagé à l’étranger. Il est parti sans sentiment d’avoir fui…

Évidemment, la jeune femme qui surgit flanqué d’un compagnon, est une figure de la mémoire et de la vengeance. Mais il y a dans cette pièce une scène à laquelle on a bien du mal à adhérer. Si on peut imaginer que, le jeune homme un moment sorti, la jeune femme et le danseur se reconnaissent dans la solitude, les propositions sexuelles brutes et brutalement énoncées, sonnent faux comme une accroche racoleuse de l’auteur. Dommage. Cela introduit un malaise dans la salle.

Demeure une excellente interprétation. François Feroleto, nerveux, douloureux, agressif puis abandonné au sentiment filial. Valérie Karsenti, sensible et fine est très juste. Thierry Lhermitte est engagé, délié, profond. Et drôle lorsqu’il le faut. Benoît Lavigne dirige bien les comédiens et donne un bon mouvement à la pièce, mais il aurait dû couper la scène de trop.

Théâtre de la Madeleine (tél. 01.42.65.07.09), à 19 heures du mardi au samedi, 17 h 30 dimanche. Et comme toujours, un programme copieux avec publication du texte.

ARMELLE HÉLIOT

Source : Le Quotidien du Médecin: 8849