LE MÉLANOME CUTANÉ est l'un des cancers les plus fréquents en Australie. Son incidence y est particulièrement élevée. Dans la population à peau claire (caucasienne) du Queensland, elle atteint respectivement 51,1 et 38,1 pour 100 000 habitants par an. Les disparités géographiques de l'incidence au sein de ce pays témoignent du rôle de la latitude dans la nocivité des rayonnements solaires. L'incidence est plus basse - 30,3 pour 100 000 - dans l'Etat de Victoria (latitude 36°38S contre 12°28S pour le Queensland). D'après des données de l'Institut australien de la santé publiées en 2000, 1 homme sur 25 et 1 femme sur 34 risque d'avoir un mélanome au cours de sa vie.
Le nombre de nouveaux cas de mélanome cutané en Australie est plus de quatre fois plus élevé qu'au Canada et environ cinq fois plus que dans la plupart des pays européens. En effet, les études européennes font état d'une incidence allant de 3,4 hommes et 2,6 femmes pour 100 000 en Italie du Sud à 14,3 et 16,1 en Norvège.
Si, comme dans presque tous les pays, à l'exception de Hawaii, l'incidence globale du mélanome a augmenté au cours des dernières années en Australie, sa mortalité est restée relativement stable. Ce phénomène est dû, au moins en partie, aux campagnes d'information du grand public sur la nécessité d'un diagnostic précoce. Des auteurs ont ainsi constaté que, en Australie, l'épaisseur moyenne de la tumeur au moment du diagnostic est de 0,75 mm. Dans ces circonstances, le taux de survie à dix ans des patients atteint 96,9 % contre 83,4 % pour des lésions mesurant entre 0,76 et 1 mm (Cancer. 2003;98(6):1223-31). Le pronostic des mélanomes s'est donc amélioré, avec globalement un taux de survie à cinq ans de 89 % et à dix-quinze ans à peine moins élevé (87 %).
« Slip-Slop-Slap and Sun-Smart ».
La population australienne a également été sensibilisée, dès la fin des années 1960, à l'intérêt de la protection solaire via des campagnes dénommées « Slip (T-shirt)-Slop (crèmes solaires)-Slap (chapeau) et Sun-Smart » (« CA Cancer J Clin ». 2000;50(4):209-13). Avec un certain succès objectivé, notamment, par une enquête indiquant que, entre 1991 et 1998, la proportion des habitants de l'Etat de Victoria évitant de s'exposer au soleil au milieu de la journée est passée de 52 à 65 %. Une tendance comparable a été notée pour le port de vêtements et de chapeau, mesure adoptée par la moitié des résidants contre 40 % en 1991. Une autre enquête, menée il y a une dizaine d'années, a montré que les Australiens connaissaient bien le risque de l'exposition solaire excessive pour la peau (mais pas pour l'œil) et que près de trois quarts d'entre eux (74 %) utilisaient des crèmes solaires, ce moyen de prévention apparaissant comme le plus populaire. Et selon une étude plus récente, le nombre de personnes convaincues par l'intérêt des campagnes d'information augmente de 30 % dans les quatre mois suivant leur lancement (Health Promot Int. 2004;19(4):437-44).
« En Australie, lit-on dans « le Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (2/2004), l'incidence chez les femmes n'augmente plus alors qu'elle continue d'augmenter chez l'homme, dépassant l'incidence chez les femmes. » Un phénomène qui confère aussi une particularité à ce pays. Les Australiennes semblent avoir été plus sensibles aux campagnes de sensibilisation auxquelles échappent encore certaines populations, comme les personnes âgées. Surtout les hommes âgés, qui gardent un risque très élevé de mélanome. Les mélanomes de 3 mm ou plus au moment du diagnostic se voient avec prédilection chez les plus de 50 ans (« J Am Acad Dermatol ». 2003;48(5):694-701).
Sur le plan thérapeutique, depuis 1965, il existe en Australie des centres multidisciplinaires dédiés spécifiquement à la prise en charge du mélanome. Leur intérêt est incontestable. D'ailleurs, l'institution de traitements adaptés a contribué à l'amélioration du pronostic de ce cancer, qui reste toutefois un problème de santé publique.
Enfin, prenant acte du succès des programmes d'éducation consacrés au mélanome, les autorités sanitaires de ce pays ont décidé de les étendre à d'autres maladies cutanées courantes comme l'acné, la dermatite atopique, les verrues... Une première mondiale, souligne une équipe de Melbourne (« J Eur Acad Dermatol Venereol ». 2004;18(1):44-7).
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