La lumière des projecteurs brûle les peaux, même les moins sensibles. En ce petit matin à la Haute Autorité de santé, Jean-Luc Harousseau, le nouveau président du Collège, est encore un homme blessé par les débats autour des conflits d’intérêts. « J’ai donné les chiffres. Tout cela est injuste, lâche l’ancien directeur du centre de lutte contre le cancer (Nantes). Faudra-t-il demain s’interdire de travailler avec l’industrie pharmaceutique ? » La bombe à retardement du Mediator® n’en finit pas de provoquer des dommages collatéraux. Pourtant, Jean-Luc Harousseau, âgé de 62 ans n’est pas seulement un hématologue de haut niveau qui aurait été propulsé par surprise sur la scène médiatique. L’un des meilleurs spécialistes du myélome en France a plongé dès 1989 dans le bain de la politique à Nantes. Et en connaît donc les us et coutumes à travers les inévitables revers et les succès aussi. En bon soldat, Jean-Luc Harousseau s’était ainsi dévoué pour affronter l’inexpugnable maire socialiste Jean-Marc Ayrault. Ouest-France avait alors titré à la veille du second tour « Duel au couteau ». Les affronts et coups bas sont inévitables dans ce type de campagne. « Je me souviens de cet électeur qui avait secoué sur moi son paillasson. » Mais il y a aussi les heures de gloire. En 2002, Jean-Luc Harousseau devient le président de la région Pays de la Loire, lorsque François Fillon est nommé ministre du Travail. Des amitiés et une fidélité qui ont sûrement compté dans la nomination à la tête de la HAS. Pour autant, la page de la politique est définitivement tournée. « Je n’ai plus aucun mandat électif depuis 2010. » Alors pourquoi venir à Paris, abandonner Nantes alors que la fusion entre le centre de lutte contre le cancer de Nantes et celui d’Angers venait juste d’être annoncée ? « Je n’ai pas fini le travail, reconnaît Jean-Luc Harousseau. Mais une telle proposition ne se représente pas deux fois ». Faut-il plutôt invoquer le souvenir de Jean Bernard et de sa dernière dream team qui occupe tous les lieux du pouvoir médical en France. Outre Laurent Degos, l’ancien président, on peut citer Dominique Maraninchi à la tête de l’Afssaps, Josy Reiffers actuellement au siège de la Fédération nationale de lutte contre le cancer, Gérard Tobelem qui dirige l’Établissement de la transfusion sanguine, tous anciens internes dans le service d’hématologie de l’hôpital Saint-Louis, tous fils de Jean Bernard. Hors de l’hématologie, point de salut lorsque l’on s’intéresse aux relations entre la médecine et l’État ? En tout état de cause, la relève ne sera pas assurée au sein de la famille Harousseau. Si les deux parents étaient médecins, les deux enfants creusent leur sillon ailleurs que dans la médecine.
Alors la venue à Saint-Denis où est le siège de la HAS s’explique-t-elle en tant qu’ancien membre du sthetho club de football, pour la vue imprenable sur le Stade de France ?
En dépit des coups reçus, l’homme blessé qui se présente comme timide devrait rapidement rebondir. Même si la peau est l’organe le plus profond, en tant qu’homme d’action, seul le présent l’intéresse. Comme une histoire longue. À la manière de William Faulkner « Tout est à présent […] Hier ne finira que demain et demain a commencé il y a 1 000 ans. »
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