LE RÉGIME méditerranéen est caractérisé par : des apports élevés en légumes, légumes secs, fruits et céréales ; un apport modéré à élevé en poisson ; un faible apport en lipides saturés mais un apport élevé en lipides insaturés, particulièrement l'huile d'olive ; un apport faible à modéré de produits laitiers, principalement du fromage et des yaourts ; un apport faible en viande ; des apports modérés en éthanol, notamment en vin. L'adhésion à ce régime est apprécié sur un score alimentaire conçu par l'équipe de Trichopoulou.
Peut-on adapter le régime méditerranéen à des populations non méditerranéennes chez lesquelles l'apport en lipides mono-insaturés sous forme d'huile d'olive est minimal ? Pour répondre à la question, plusieurs équipes européennes (parmi lesquelles l'équipe E3N-Epic, Inserm ; et une équipe de l'International Agency for Research on Cancer, Lyon) ont conduit une étude où, dans le numérateur du ratio lipidique, les lipides mono-insaturés sont remplacés par la somme de tous les insaturés (poly-insaturés et mono-insaturés). Les chercheurs ont alors établi un score de régime méditerranéen modifié (nous y reviendrons) et ils ont étudié la relation entre ce score modifié et la mortalité chez de nombreuses personnes âgées européennes participant à l'étude Epic (European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition).
Epic est une étude de cohorte multicentrique, prospective, portant sur le rôle de divers facteurs (biologie, alimentation, style de vie, environnement) sur le cancer et d'autres maladies chroniques ; elle est coordonnée par l'Agence internationale de recherche sur le cancer. Schématiquement, entre 1992 et 2000, 519 978 volontaires apparemment en bonne santé ont été recrutés dans vingt-trois centres de dix pays (Allemagne, Danemark, Espagne, France, Grèce, Italie, Norvège Pays-Bas, Royaume-Uni, Suède). Tous ces pays, sauf la Norvège, ont participé à la présente étude Epic-sujets âgés avec un régime méditerranéen modifié, dans laquelle ont été inclus 74 607 sujets âgés de 60 ans et plus. A l'inclusion, ces sujets n'avaient pas de coronaropathie, d'AVC ou de cancer.
Un score portant sur neuf items.
Le score d'adhésion a pris en compte neuf items cotés 0 ou 1. Les sujets dont la consommation d'aliments présumés bénéfiques (légumes, légumes secs, fruits, céréales, poisson) est inférieure à la consommation moyenne se voient attribuer une valeur 0 (les autres ont 1). Ceux dont la consommation d'aliments réputés mauvais (viande, produits laitiers) est en dessous de la consommation moyenne ont la note 1 (les autres ont 0). Une valeur 1 a été donnée aux hommes consommant de 10 g à moins de 50 g d'éthanol par jour et aux femme en consommant de 5 g à 25 g. Pour les apports lipidiques, on a calculé le ratio de la somme des insaturés et des poly-insaturés sur les saturés. Ce score méditerranéen modifié peut aller de 0 (adhésion minimale) à 9 (adhésion maximale).
Moindre mortalité.
Sans entrer dans les détails, les résultats sont les suivants : une augmentation du score méditerranéen modifié est associée à une moindre mortalité globale ; une augmentation de deux unités correspond à une diminution statistiquement significative de 8 % ; aucune hétérogénéité significative n'a été notée entre les pays, même si l'association a été plus forte en Grèce et en Espagne ; globalement, la réduction de mortalité, calibrée dans les pays, a été de 7 %.
« Le régime méditerranéen modifié de façon à être appliqué à travers l'Europe était associé à une augmentation de la survie chez les sujets âgés », concluent les auteurs.
Antonia Trichopoulou et coll. « BMJ » en ligne.
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