LE REGISTRE Rhône-Alpes des cancers thyroïdiens a été créé en septembre 2000. Enregistrant les résultats anatomopathologiques de tous les cancers opérés (de 600 à 650 cas par an), il regroupe actuellement les données de plus de 3 500 patients. Les résultats actuels confirment la prépondérance féminine : 3 femmes pour 1 homme avec un pic d’incidence entre 50 et 60 ans. Très rare avant 15 ans, ce cancer est découvert de façon fortuite (26 %), généralement à l’occasion d’une intervention chirurgicale pour goitre ou pour hyperthyroïdie. La fréquence des cancers découverts lors des goitres augmente avec l’âge : elle est de 5 % avant 25 ans et de 44 % après 60 ans. Sur le plan histologique, 85 % sont des cancers papillaires. La plupart des cancers se manifestent par un nodule (56 % des cas) ou par un goitre (34 %) beaucoup plus rarement par une adénopathie ou un dysfonctionnement thyroïdien.
Des facteurs favorisants.
Plusieurs facteurs peuvent favoriser l’apparition de ces cancers. Des prédispositions familiales sont retrouvées en présence de cancers médullaires, beaucoup plus rarement pour les cancers papillaires. Certaines maladies génétiques (polypose colique, syndrome de Carney, de Cowden) sont aussi prédisposantes.
Les maladies thyroïdiennes préexistantes peuvent augmenter le risque de cancer. Les goitres, les maladies de Basedow sont concernés, ainsi que les maladies où la TSH est chroniquement accrue : adénome thyréotrope, état de résistance ou anomalie de la biosynthèse des hormones. Les facteurs hormonaux et le sexe féminin, en favorisant la constitution de goitres et de nodules peuvent produire des cancers. Une liaison avec le cancer du sein est d’ailleurs possible. Toutefois, l’irradiation demeure le principal facteur favorisant : de nombreuses preuves l’attestent, telles que la multiplication par deux ou trois du risque d’apparition de nodules après une irradiation thérapeutique ou encore l’augmentation de l’incidence de cancers thyroïdiens chez les survivants de Hiroshima et Nagasaki, ou chez des sujets exposés à des essais nucléaires ou à des accidents de centrales. Après celui de Tchernobyl, environ 3 000 enfants âgés de moins de 15 ans ou présents in utero lors de l’explosion, ont développé des cancers radio-induits. En revanche, il n’y a pas d’argument scientifique qui conduise à relier l’augmentation de l’incidence de ce cancer en Europe, et dans tous les pays du monde, à l’accident de Tchernobyl. En ce qui concerne le rôle de l’iode, il est nécessaire d’apporter une précision : l’augmentation de la charge en iode ne modifie pas la prévalence du cancer ; elle réduit simplement la prévalence des cancers vésiculaires au profit des cancers papillaires mieux différenciés et de meilleur pronostic. Le traitement de ces cancers a bénéficié de deux avancées thérapeutiques : la thyroïdectomie totale et l’utilisation de la TSH humaine recombinante.
Il existe à l’heure actuelle un consensus sur la prise en charge thérapeutique des cancers différenciés de la thyroïde. La chirurgie par thyroïdectomie totale constitue le premier stade. En cours d’intervention, l’examen anatomopathologique extemporané permet de confirmer le diagnostic. Dans 80 % des cas, il s’agit d’un cancer papillaire. Le geste chirurgical est alors complété par un curage du compartiment central du cou. Pour éliminer toute trace de glande résiduelle, le patient reçoit ensuite un traitement complémentaire d’iode radioactif. Pour faciliter la captation de cet iode, il faut augmenter le taux de TSH. Jusqu’à présent, la stimulation par la TSH était obtenue par un sevrage prolongé du traitement, provoquant une hypothyroïdie très invalidante. Actuellement, la TSH recombinante humaine procure une stimulation aussi efficace que le sevrage prolongé et peut être utilisée aussi bien pour la préparation au traitement par l’iode 131 que pour le contrôle de la guérison par le dosage de la thyroglobuline. L amélioration de la qualité de vie des patients représente une belle avancée dans la prise en charge d’une maladie de très bon pronostic.
D’après une conférence de presse organisée lors des 1res Rencontres multidisciplinaires sur le cancer différencié de la thyroïde. Avec les Prs F. Borson-Chazot (Lyon), J.-L. Wemeau (Lille), J.-L. Peix (Lyon), M. Schlumberger (Villejuif) le Dr L. Leenhardt (Paris), Mr J.-P. Escande et Mme B. Bartes.
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