L’année 2010 s’achève sur une bonne nouvelle en cancérologie : « La baisse de la mortalité par cancer s’accélère en France » soulignait un rapport de l’Institut national du cancer (INCa) publié en Novembre dernier. Selon ce travail, le taux de mortalité par cancer a fortement diminué entre les périodes 1983-1987 et 2003-2007. « Le taux de mortalité masculin a ainsi baissé de 22 % passant de 208,7 à 162,6 décès pour 100 000 hommes avec une accélération de la baisse sur les dix dernières années, indique l’Inca. Le taux féminin a diminué de manière moins importante (-14 %) passant de 92,8 à 79,9 décès pour 100 000 femmes ». Autre constat : la mortalité par cancer touche des personnes de plus en plus âgées, avec sur la période 2003-2007, 71 % des décès intervenant après 65 ans et en 2010, près de 20 % des décès par cancer recensés chez des patients de plus de 85 ans.
Forte poussée de la chimiothérapie orale
Sur le plan thérapeutique, l’année écoulée a confirmé la poussée de la chimiothérapie. Toujours selon l’Inca, si le nombre de malades traités pour cancer a augmenté de 12 % entre 2005 et 2010, celui des patients bénéficiant d’une chimiothérapie s’est accru de plus de 24 % dans le même temps. Avec, comme le souligne le Pr Véronique Trillet-Lenoir, présidente du conseil national de cancérologie, « une évolution très forte vers les chimiothérapies orales ». À l’exception des anticorps monoclonaux qui sont de grosses molécules difficiles à rendre absorbables par voie digestive, quasiment toutes les thérapies ciblées ont un avenir par voie orale. De nombreuses molécules sont déjà disponibles en comprimés et d’ici 3 à 4 ans, 25 % des nouveaux traitements en cancérologie pourraient se présenter sous forme orale. Dans le même temps l’ « externalisation » des chimiothérapies intraveineuses se poursuit avec une réduction majeure des temps d’hospitalisations.
Implication croissante des généralistes
Pendant de ces évolutions, le généraliste est de plus en plus impliqué dans la prise en charge des patients atteints de cancers. Ainsi selon une enquête publiée en Octobre par la ligue contre le cancer, pour 65 % des médecins généralistes interrogés, le cancer représente une pathologie en forte augmentation dans leur activité. Outre leur rôle traditionnel dans la prévention, les médecins de famille se voient aussi de plus en plus impliqués dans le dépistage organisé de certaines tumeurs à l’instar du cancer du col pour lequel la Has vient de recommander la mise en place d’un dépistage organisé centré sur le médecin traitant. Il sont également de plus en plus mis à contribution pour le suivi ambulatoire des patients avec notamment un rôle accru dans la gestion des effets secondaires des traitements et les soins de support.
Dans ce contexte la formation devient un enjeu majeur. « Je pense qu’il n’est pas raisonnable de laisser des patients prendre leur chimiothérapie sous la supervision de médecins qui pour des raisons évidentes n’ont pas pu se former à ce suivi sur les bancs de la fac. Il y a vraiment tout un dispositif de formation à mettre en place » estime le Pr Trillet-Lenoir. Un constat qui semble partagé par les médecins traitants: « il y a un vrai problème de formation » reconnaît l’un des généralistes du réseau oncologie d’Argenteuil tout soulignant que si ces confrères sont près à s’investir, « il faut qu’ à la clef ils se sentent vraiment intégrer dans la prise en charge des patients ».
La coordination ville-hôpital toujours compliquée
Or pour l’heure « la place du généraliste dans la prise en charge des cancers n’est pas reconnue à sa juste valeur » souligne l’enquête de la Ligue, la majorité des praticiens interrogés regrettant notamment une communication avec l’hôpital « toujours aussi compliquée ». « Si le premier plan cancer a permis de mieux organiser et structurer la cancérologie hospitalière, le médecin traitant n’a pas complètement été intégré dans le dispositif » reconnaît volontiers le Pr Trillet Lenoir. En revanche « Le 2ème plan cancer (2009-2013) me paraît tout à fait de nature à remettre les choses en place ». Avec notamment la mise en place annoncée d’un « parcours de soin personnalisé pour les patients » qui devrait renforcer la coordination ville hôpital. Déjà 35 expériences pilotes sont en cours dans ce sens avant un déploiement national prévu en 2012…
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