ON SE SOUVIENT de l'essai clinique international à l'aide du vaccin AN1792, qui consiste en une immunisation (immunothérapie active) par injection périphérique de protéine bêta-amyloïde, dans l'idée de faire régresser les plaques amyloïdes. Il a été mené entre septembre 2001 et décembre 2002, puis interrompu après l'apparition d'effets secondaires sérieux (méningoencéphalite chez 6 % des patients). Deux administrations du vaccin ont pu être effectuées sur les cinq prévues au minimum. L'exposition a donc été moindre que ce qui semblait nécessaire d'après les essais réalisés sur les animaux, fait remarquer le Pr Orgogozo, qui a participé avec le Pr Françoise Forette à cette étude. Les patients ont continué à être suivis pendant un minimum de neuf mois et on a pris différentes précautions méthodologiques pour s'assurer de la validité des données biologiques et des IRM traitées.
Réduction du volume de l'hippocampe à l'IRM.
Dans le groupe des patients répondeurs, dont les titrages des anticorps ont connu une élévation significative (presque 20 % des 300 patients qui ont reçu le traitement actif), les résultats montrent à l'IRM une réduction du volume de l'hippocampe plus marquée que dans le groupe placebo. L'hypothèse la plus vraisemblable est une réduction de la réaction inflammatoire et de l'œdème autour des plaques amyloïdes, qui ont pu être réduits par la présence des anticorps anti-amyloïde, commente le Pr Orgogozo. Cela pourrait être une diminution apparente du volume, qui ne correspondrait pas forcément à une augmentation de l'atrophie.
Sur le plan de l'évaluation cognitive, on constate une absence d'effets significatifs. Toutefois, les analyses des sous-tests de l'échelle NTB (« Neuropsychological Test Battery ») révèlent une amélioration de certains scores de fonctions cognitives : troubles de la mémoire (immédiate et à long terme) et planification de l'action (fonction exécutive). Les améliorations les plus marquées par rapport à l'inclusion sont associées aux titrages des anticorps les plus élevés. En l'absence d'une significativité, le résultat peut être considéré comme une preuve du concept.
Par ailleurs, on dispose aussi de quelques résultats d'autopsie. Ils montrent une réduction et parfois une disparition de dépôts amyloïdes. Ce qui, là non plus, ne peut autoriser à conclure à un effet du vaccin dans les termes où l'étude le prévoyait, mais plaide en faveur du concept.
Tout comme le dosage des marqueurs de la maladie d'Alzheimer dans le LCR chez les répondeurs, c'est-à-dire la protéine bêta-amyloïde, qui est augmentée, et la protéine tau, qui est diminuée.
Un petit pas vers une approche prometteuse.
L'idée d'immunisation antiamyloïde reste en cours d'évaluation. Deux autres méthodes sont en développement par le Laboratoire Wyeth associé à la société Elan Pharmaceuticals (qui ont aussi réalisé le vaccin AN1792). A l'aide de vaccins qui devraient être dénués de tout risque d'entraîner des effets auto-immuns (immunisation passive par anticorps monoclonaux, d'une part, et utilisation d'un antigène modifié, d'autre part).
Les résultats montrent que l'essai est négatif pour ce qui est du critère principal d'évaluation. Mais ils constituent « un petit pas vers une approche prometteuse pour stopper la maladie », estime le Pr Orgogozo.
S. Gilman et coll. « Neurology », 2005 ; 64 : 1553-1562.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature