Fin du suspense le 8 décembre 2010, avec la présentation du consensus de la Société Française de Diabétologie et du Collège National des Gynécologues Obstétriciens attendu depuis plusieurs décennies : pour le dépistage du diabète gestationnel, exit les anciens critères de Carpenter et Coustan ! Les experts français avalisent les récentes normes diagnostiques de l'International Association of Diabetes in Pregnancy Study Groups (IADPSG). En substance, ils ont jugé que la présence d’au moins un facteur de risque de diabète gestationnel impose de réaliser une glycémie à jeun dès la 1re consultation prénatale puis en cas de normalité, d’utiliser les seuils IADPSG entre la 24 et la 28e semaine d’aménorrhées. Le dépistage ciblé prend le pas sur le dépistage universel.
En 2008, l’étude internationale HAPO menée sur une cohorte de 25 000 femmes dans 9 pays démontrait enfin la relation linéaire entre les complications materno-fœtales et la glycémie maternelle*. Elle a servi à l’élaboration, sous l’égide de l’IADPSG, de nouvelles directives en matière de dépistage, de diagnostic et de classification des valeurs de glycémie à risque lors d’une grossesse, parues en mars dernier**. Ces dernières sont bien plus pertinentes sur le plan clinique que les critères de Carpenter et Coustan, en dépistant une partie des parturientes à risque dont le diabète gestationnel serait passé inaperçu. Ces femmes présentent des troubles du métabolisme glucidique et des complications obstétricales similaires aux femmes ayant un diabète gestationnel et ont, elles aussi, un risque multiplié par sept de développer dans le futur un diabète de type 2. Le consensus français*** adopte donc les critères internationaux.
Le choix du dépistage ciblé
Néanmoins, la France se distingue et a choisi un dépistage ciblé aux facteurs de risque (IMC ≥ 25 kg/m2, âge ≥ 35 ans, antécédents de diabète de type 2 chez les ascendants du 1er degré, antécédents obstétricaux de diabète gestationnel ou de macrosomie…) et non pas universel, sans pour autant fermer la porte aux praticiens qui désireraient maintenir un dépistage systématique, notamment dans les zones géographiques où la prévalence du surpoids-obésité et de ce fait, du diabète gestationnel comme du type 2, est plus importante.
conduite à suivre
Traduction pratique : en présence d’au moins un facteur de risque, il faudra réaliser une glycémie à jeun dès la 1re consultation prénatale. Le seuil diagnostic consensuel retenu est de 0,92g/l. Une valeur supérieure ou égale à 1,26 g/l confirme un diabète de type 2 pré-gestationnel, grevé d’une morbidité materno-fœtale très importante, avec un risque quadruplé de malformations congénitales et un risque accru de fausse couche.
Par la suite, chez une femme avec facteur de risque mais dont la glycémie lors de la consultation du 1er trimestre de grossesse s’est avérée inférieure à 0,92, les experts recommandent une HGPO 75g entre 24 et 28 semaines d’aménorrhées. Dans ce cas, les seuils de glycémie à jeun après une hyperglycémie provoquée orale HGO (OGTT: 75g-Glucose) sont désormais ceux de l’IADPSG soit 92 mg/dl (immédiat), 180 mg/dl à 1h et153 mg/dl à 2h (5.1, 10.0 et 8.5 mmol/l respectivement). Le diagnostic de diabète gestationnel est posé si une valeur au minimum sur les trois est égale ou supérieure à l’un de ces seuils.
une prise en charge inchangée
Quant à la prise en charge, celle-ci demeure inchangée, fondée sur les mesures hygiéno-diététiques, l’autosurveillance glycémique voire l’insulinothérapie dès que l’on dépasse les objectifs glycémiques. L’autosurveillance est recommandée entre 4 et 6 fois par jour et l’objectif est d’obtenir une glycémie à jeun inférieure à 0,95 g/l et inférieure à 1,20g/l à deux heures. Selon que les femmes aient une ou trois valeurs positives, la prise en charge sera graduelle, l’insulinothérapie s’impose si les objectifs glycémiques après 7 à 10 jours ne sont pas atteints.
** Diabetes Care, march 2010, vol 33, n°3, 33:690-691et http://joomla.iadpsg.org/
*** prochainement sur www.cngof.asso.fr
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