Concernant le dépistage, tout le monde s’accorde sur le fait que les pratiques actuelles laissent encore passer à travers les mailles du filet près de 30 000 patients infectés par le VIH ignorant leur statut sérologique. Dans ce contexte, la HAS avait émis en 2009 des recommandations en faveur d’un dépistage généralisé à l’ensemble de la population âgée de 15 à 70 ans. La Haute Autorité de santé avait aussi pointé la nécessité d’un dépistage ciblé et régulier au sein de populations à risques ou dans certaines circonstances (IST, viol, IVG, incarcération…).
Dépistage systématique ou dépistage ciblé ?
« Si ce second volet de la recommandation ne nous pose aucun problème, celui concernant le dépistage universel nous paraît plus discutable », a indiqué le Pr Henri Partouche (médecin généraliste à Paris, université Paris-Descartes) au nom du Collège National des Généralistes Enseignants (CNGE). Il pointe ainsi plusieurs obstacles liés aux patients (peur du résultat, difficultés à identifier les risques encourus...), aux?professionnels (manque de temps, de connaissances...) ou encore à la nature de l’exercice du généraliste (démarche de soins centrée sur le patient, déstabilisation possible de la relation médecin-malade...). De plus, même si l’impact clinique potentiel d’un tel dépistage semble a priori bénéfique et que la modélisation médico-économique lui soit favorable, aucune donnée probante ne permet encore d’affirmer avec certitude la pertinence du dépistage systématique du VIH en soins primaires.
Pour le CNGE, il est donc nécessaire d'évaluer spécifiquement la pertinence et la faisabilité du dépistage universel en soins primaires. En attendant, le CNGE plaide pour un renforcement du dépistage ciblé et préconise de saisir toutes les occasions pour proposer un test Elisa aux patients ayant été exposé à un risque. Une stratégie à laquelle n’adhère pas complètement le Pr Jean- Pierre Aubert (médecin généraliste à Paris, université Paris-Diderot),?craignant qu’elle ne fasse le lit de découvertes tardives.
Consensus autour du diagnostic précoce
Pour les généralistes réunis en session aucun doute sur l’intérêt du diagnostic précoce. À ce titre, certains signes cliniques doivent mettre la puce à l’oreille et faire évoquer une primo-infection par le VIH comme l’a rappelé le Pr Aubert : un syndrome grippal intense et prolongé ; des pathologies rares mais spécifiques du VIH comme la leucoplasie chevelue de la langue ou la maladie de Kaposi ; mais aussi des affections banales mais plus fréquentes en cas d’infections par le VIH telles un molluscum contagiosum, un zona, une dermite séborrhéique, des condylomes ou encore un muguet.
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